Après avoir désamiantée la tour Watteau, avec ses 88 logements, la société Avenir Déconstruction s’était affairée à démonter les portes et les fenêtres. Et elle a fait de même pour tous les éléments détachables à l’intérieur des appartements ( faux plafonds, baignoire, revêtement du sol, cloisons…). 95% des déchets ont pu être triés pour être valorisés.
Ça me fait de la peine mais il faut avancer
Le 21 novembre 2022, au bout de 76 mètres de bras articulé, l’engin, le plus grand d’Europe, avec sa pince mécanique commençait à émietter les appartements situés tout là haut, au 12 ème étage. Tout cela sous le regard "ému" d’anciens habitants relogés et usagers du quartier. « Ça y est. La fin de Watteau a sonné, l’engin va prendre le dessus sur elle. C’est triste mais c’est comme ça » avance Christophe, la voix remplie. « J’ai passé toute mon enfance, ma jeunesse dans la tour que je vois disparaître sous les coups d'une pelle mécanique. Ça me fait de la peine mais il faut avancer » dit Christophe qui y a vécu 30 ans.
Si la démolition est faite c’est parce qu'elle doit être bien pour le quartier, la ville
« La démolition de la tour ne me fait pas grand chose car je n’y ai jamais eu des attaches, même s’il fait partie du décor du quartier. Je comprends les personnes qui y ont vécu mais sa démolition est actée c'est parce que ça doit être une bonne chose pour le quartier, les résidents et la ville. Et puisque je suis toujours par monts et par vaux, je suis venue m'informer pour savoir ce qu'ils ont prévu de mettre à la place de la tour. L'occasion pour moi aussi de rencontrer mes voisins que je ne vois pas beaucoup. » Isabelle, habitante de la Saraillère depuis 25 ans.
La reconstruction de "Watteau", une phase importante pour le quartier
Sur la butte de la rue Henri Matisse, une guinguette, des stands d'échanges, d’information et de partage pour accompagner les habitants et usagers du quartier à avoir une meilleure compréhension du dispositif et des techniques utilisées pour la déconstruction de Watteau. La déconstruction de la tour marque l’esprit de tous les habitants qui y ont vécu durant des années, des moments essentiels de leur existence. Une phase importante aussi pour les résidents qui verront la transformation de leur quartier (réhabilitations des résidences Saraillère et Ariane).
Après avoir parlé de la démolition de la tour Watteau, un bâtiment qui était le symbole de toute une résidence, Emmanuel Picard, Directeur général du groupe Soïkos et de Mésolia invitait les habitants à se projeter vers le futur, en mettant en relief les nouveaux aménagements, la requalification des 118 logements d’Ariane 1 et 2 mais aussi les démolitions du 10 rue du 8 mai 1945 et du 2 rue Matisse. Tout ça contribuera durablement au maillage de la Saraillère avec le reste des quartiers du secteur du 8 mai 1945.
Je comprends que le grignotage de la tour que l’on voit en direct soit dur
Si certains résidents pensaient participer à leur dernière fête du quartier, qu’ils se rassurent. Le Maire qui croit à l’importance de ce moment convivial les a rassurés : « Je tiens à préciser qu’il y aura toujours la fête de quartier à la Saraillère car ces retrouvailles permettent de tisser des liens et de fertiliser le terreau du vivre-ensemble. La démolition de la tour est dure pour ceux qui y ont passé une bonne partie de leur vie, mais elle se justifie du fait que nous cherchons à donner de meilleures conditions d’habitation et, par ailleurs, permettre au quartier de la Saraillère d’avoir un autre visage urbain. Je comprends que le grignotage de la tour que l’on voit en direct soit dur à voir. Mais nous devons faire le deuil car le renouvellement urbain du quartier va être profitable à vous, à nous, à tous » dit Jean-François, Maire de Cenon.
Ressasser les souvenirs de leur enfance
L'espace dédié à la « Mémoire et paroles d’habitants » était bien fréquenté. Une série de films retraçant le parcours et le quotidien des locataires de la tour Watteau, les actions réalisées en pied d’immeuble y était diffusée. Des photos anciennes (1970 à 2000) du quartier de la Saraillère n'ont pas laissé indifférent les visiteurs du stand. Parmi eux d’anciens résidents qui y ont vécu durant cette époque. L’occasion de se remémorer le quartier où ils ont grandi.
Fragments de béton pour le souvenir
Pour honorer deux des plus anciennes habitantes de la tour, M. Emmanuel Picard, Directeur général de Mésolia a remis des fragments de pierre à Aïcha et Claudine, deux personnages incontournables. Un acte de reconnaissance que le bailleur a voulu leur exprimer pour leur implication à la vie du quartier.
Dans le stand « Mémoire des habitants », les participants, qu’ils soient anciens locataires ou non, pouvaient emporter des fragments des murs de la tour glissés dans des sachets estampillés. Une manière de garder le souvenir du bâtiment qui symbolisait le quartier de la Saraillère.
Les traces, déclencheur de souvenirs, propulseur d’émotions
L’été dernier les locataires avaient apposé sur les murs de la tour Watteau des récits, des fragments de mots dont le contenu illustrait le degré de leur attachement à Watteau, leur parcours et les relations de voisinage.
Un acte de se raconter au travers des témoignages : «une porte qui se referme sur des années de vie en communauté de solidarité» ; « Mes enfants te disent adieu Amour » ; « A la tour fruit de toutes générations » ; « Adieu la tour ».
« Solidarité gâteaux » et « Entr-Autre", deux associations aux commandes des douceurs.
Sous la tente Touareg, deux associations, dont les objectifs portent sur l’accompagnement, l’insertion professionnelle des jeunes, la solidarité par la distribution de repas aux plus démunis, ont distribué des boissons chaudes et des douceurs salées et sucrées. Tout cela associé à un service fait par des jeunes tous souriants.
Le menu musical étant lui bien « concocté » par le groupe Granny Smith.