Tatouage au féminin

Laura est très investie dans l’association Soeurs d’Encre.

« Je suis tombée malade très jeune. A 26 ans. Et à 30 ans on m’a fait une double mastectomie. On m’a enlevé les deux seins puis proposé une reconstruction par prothèse que je n’ai jamais acceptée. Me réveiller avec des seins en plastique gonflés, sans mamelon, ce n’était pas possible (…). J’ai gardé mon soutien-gorge de contention pendant un an et demi. Jusqu’à ce que je tombe sur l’annonce de la première édition de Rose sur Facebook. J’ai contacté Nathalie à qui j’ai raconté mon histoire. La confiance s’est naturellement installée entre nous. N’ayant pas d’idées précises de ce que je voulais, je l'ai laissé faire. Elle a fait beaucoup de dessins : une dentelle autour des seins avec des roses. La première année j’ai fait le premier sein, et le deuxième la deuxième année. Là je me suis sentie enfin moi. J’avais ce petit mamelon qui me manquait quand même, donc j’ai fait un tatouage du mamelon 3D pour mettre un point final à ma maladie. Maintenant je n’ai aucune gêne pour montrer mes seins. Le tatouage m’a sauvé la vie car j’étais en train de couler. J’avais tout perdu : ma féminité, la confiance en moi. Là je suis coquette. Si je ne m’étais pas faite tatouer il y a un an, je crois que je n’aurais pas pu passer ce cap ».  

laura

Une « nouvelle » Lorraine

« J’avais déjà un certain nombre de tatouages qui passaient plus ou moins inaperçus. Mais après la maladie j’ai eu besoin de repenser une identité claire. C’est par le tatouage que je devais passer. Ainsi, j’ai commencé à trouver un certain nombre de symboles qui m’ont permis d’être une « nouvelle » Lorraine. Je ne pensais pas du tout me faire tatouer la poitrine. Mais quand je suis tombée sur une vidéo de Nathalie qui parlait de la première édition de Rose Tattoo, j’ai été emballée et lui ai demandé de faire partie de la deuxième édition. Préférant de ne pas recouvrir mes cicatrices, plutôt les mettre en valeur pour retrouver une symétrie sur ma poitrine. Ne plus avoir un sein ou une espèce de sein reconstruit mais de retrouver une unité de poitrine. Outre le côté esthétique indéniable, il y a aussi l’aspect psychologique qui est très fort. Puisqu’on est plusieurs à nous faire tatouer. Il y a une émotion, une exaltation partagée. Quand on découvre les tatouages finis c’est la joie (…). Le passage de se faire tatouer ensemble à la maison rose c’est génial. Mieux que cela, il y a un effet psychologique impressionnant. Me concernant j’arrive à montrer mon tatouage. Je me suis retrouvée, j'ai regagné énormément de confiance. La phase de la maladie est passée pour moi ».

Lorraine

Santé et tatouage

Parler du tatouage c’est, pour certain, s’interroger sur le devenir des encres noires ou colorées qui vont dans la peau, sur la création d’autres pathologies sur le long terme ? Éléments de réponse en audio donnés par Nathalie Kaïd

AUDREY : « Je tatoue depuis 7 ans maintenant. J’ai commencé dans le recouvrement des tattoos qui n’est pas sans difficulté technique. Parce que l’on ne part pas d'une page blanche. On a déjà quelque chose qu’il va falloir adapter, modifier, recouvrir. Comment cacher telle ou telle forme ? Une réflexion technique s’impose sur la disposition des formes devant cacher définitivement les anciens tatouages. Il y a un vrai travail artistique à faire. Du recouvrement, je suis passée à la cicatrisation. Et ensuite Nathalie est venue vers moi pour Rose Tattoo. J’ai accepté tout de suite sa proposition."

Audrey

 

Comment je suis devenue tatoueuse !

https://soundcloud.com/ville-cenon/tattoueuse-rose-tattoo

Notre corps c’est « nous », c’est notre première liberté !

Sonia ne passe inaperçue avec ses tatouages chauve-souris. Issue du milieu Bikers où le tattoo est banalisé, Sonia dit être habituée au regard des gens, à être montrée du doigt  : «  Ce qui n’existait pas dans le tatouage c’est son appropriation par des malades. D’où l’importance que chacun donne à son corps. Notre corps c’est bien « nous », c’est notre première liberté ! On en fait ce que l’on en veut. Certaines femmes se font bien refaire la poitrine ! Opération renouvelée tous les huit ans. Sans oublier la douleur engendrée. D’autres se font de faux ongles, colorent leurs cheveux…Bref des gens qui font tout pour transformer leur corps. Tout le monde s’en fiche. Mais quand il s’agit du tatouage, on est plus critiqué... Alors que les tattoos d’aujourd’hui sont plus esthétiques. On est loin de l’énorme croix du Christ, l’ancre de bateau, les tatouages des prisonniers russes, des marins. Le tatouage a quand même beaucoup évolué ».

 

Sonia,tatouée