Les quartiers Clair Logis 1 et 2 ont été bâtis dans les années 50 par les habitants eux-mêmes. Cette histoire est relatée dans un livre signé Danielle Cavaillès. Aujourd’hui, une nouvelle génération s’établit dans ces quartiers. Leur association souhaite renouer avec les valeurs des fondateurs. Dans le prologue de son livre, «  Naissance de Clair Logis à Floirac – Cenon (la crise du logement après 1945)  », Danielle Cavaillès écrit  : «  Une «  ancienne  » du quartier (...) déplorait devant moi que le dernier livre sur l'histoire de Cenon (…) fasse peu de place à notre quartier. (…). La retraite me laissait du temps, pourquoi ne pas faire resurgir cette histoire à partir des documents et témoignages que l'on pouvait recueillir  ?  »

Les premiers pas de l'auto-construction

En 1946, le CILG (Comité Interprofessionnel du logement Girondin) collecte 1% de la masse salariale des entreprises pour le financement de logements de leur personnel. En 1948, se forme à Pessac un groupe de bâtisseurs  : les Castors. Ils créent un Comité ouvrier du logement, leur permettant d'obtenir les emprunts nécessaires à la réalisation de 150 maisons. Le Ministre de la reconstruction et de l'urbanisme Eugène Claudius-Petit les reçoit, reconnaissant par ce fait le principe de l'apport-travail. Fin 1949, l'ACAP (Association Cenonnaise pour l'Accession à la Propriété) construit les 131 logements de la cité Plaisance.

Les origines de Clair Logis

En janvier 1950, l'association Clair Logis ouvrier de Floirac se constitue autour de l'abbé de Zabala et de la chapelle Sainte-Thérèse. Son but est de réduire le coût de la construction de logements destinés à ses adhérents, par la coopération de chacun (40 heures mensuelles). Mais le terrain prévu à cet effet se révèle être en zone inondable. Les compagnons repèrent à Cenon le terrain Cormier, et avec l'arrivée de nouveaux adhérents, se rebaptisent Association Clair-Logis ouvrier de Floirac – Cenon. La formule «  location - attribution  » est adoptée. La commune de Cenon se porte garante du projet, sésame pour recevoir une aide de l'Etat allant jusqu'à 90% du coût (un intérêt de 2%, un prêt de 35 ans). En contre partie, l'association doit adhérer à une coopérative de construction agréée par l'Etat. Ce sera le Toit girondin. Responsable des opérations, le Toit girondin reste, jusqu'au remboursement de tous les prêts, propriétaire du terrain (acheté en 51) et des habitations,. Deux ans de nettoyage sont nécessaires pour rendre le terrain constructible  : débroussailler, couper les arbres, assécher la mare, évacuer les munitions de guerre trouvées dans les buissons... L'année 53 est consacrée à la voirie intérieure, aux canalisations, aux fondations. Une première tranche de 24  logements est livrée en 1954, (la dernière en 57). Au total, le projet porte sur 63 logements. Par ailleurs, dès 1954, un second projet est lancé. Clair-Logis 2 comprend 24 habitations supplémentaires, achevées en septembre 57.

Clair Logis aujourd'hui

En 2017, quelques uns des premiers bâtisseurs résident toujours dans ces maisons de pierre. Depuis une dizaine d'années, de nouvelles familles s’y sont établies. En mai dernier, ces  jeunes résidents ont créé l'association Les voisins de Clair-Logis. «  A la sortie des écoles, une convivialité entre parents s'est établie  », témoigne la présidente Stéphanie Lacourarie. «  Nous avons d'abord relancé «  La fête des voisins  ». Et face à l'enthousiasme général, avons poursuivi par l'association.  L'objectif premier est de se rassembler entre voisins, d’apprendre à se connaître, se rendre des services, se prêter du matériel, etc. Ca fonctionne déjà bien au niveau de la garde des enfants et du «pédibus » (un ou deux parents accompagnent à pied tout un groupe d’enfants à l'école).  La transmission de l'histoire du quartier et la sauvegarde du patrimoine figurent naturellement parmi nos préoccupations. Que les maisons évoluent, s'agrandissent, c'est normal. Mais pas n'importe comment  ! Nous n'avons pas envie que quelqu'un défigure une de ces façades, la peigne en vert, ou fasse une extension trop disparate qui casserait l'harmonie du quartier. » [caption id="attachment_8188" align="aligncenter" width="620"]Stéphanie Lacourarie, présidente, et Jérôme Bizouard, trésorier adjoint des Voisins de Clair Logis Stéphanie Lacourarie, présidente, et Jérôme Bizouard, trésorier adjoint des Voisins de Clair Logis

Des maisons de caractère

Ces maisons de pierre conçues par l'architecte Georges Vacheyrout et son collègue Pierre Mathieu sont de trois sortes (comprenant deux, trois ou quatre chambres), isolées ou jumelées, et pour la plupart à étage. «  Ces constructions s'appuient sur des plans à l'identique, créant ainsi une unité graphique très plaisante », reprend Stéphanie Lacourarie. «   C'est amusant car lorsque l'on se reçoit les uns les autres, on se sent d’emblée comme chez soi  ! Dès ma première visite, j'ai été séduite. Ces maisons ont une âme, nous parlent, nous retiennent...  » [caption id="attachment_8196" align="aligncenter" width="620"] dav
Pour en savoir plus : Danielle Cavaillès : «  Naissance de Clair Logis à Floirac – Cenon (la crise du logement après 1945)  », à feuilleter à la Médiathèque Jacques Rivière