En 1828 est créé le premier ministère dédié à l’«instruction publique». Dès lors, le lent mouvement de démocratisation de l’instruction s’accélère. À partir de 1833, toutes les communes de plus de 500 habitants doivent posséder une école de garçons. En 1850, elles y sont «incitées» pour les filles. Avant, comme partout en France, l’instruction primaire dispensée à certains petits Cenonnais l’était principalement par des ecclésiastiques et quelques personnes de bonne volonté… C’est après l’annexion par Bordeaux d’une partie de Cenon-La-Bastide, en janvier 1865, que le conseil municipal de la nouvelle ville de Cenon installe la mairie sur le domaine de Bellefonds, abritant une classe d’école de filles.
L'infatigable chroniqueur d’histoire locale Gilbert Perrez, partage ses connaissances sur les plus anciennes écoles de Cenon qui datent de la deuxième moitié du XIXème siècle. Enrichies des précisions de Marine Sales, archiviste de la mairie.
L’école des Cavailles
Sur le lieu-dit Cavalha, puis Escavailles -où se rassemblaient les chevaux du duc d’Epernon durant la Fronde-le Maire, Michel Monerie, entreprend l’édification d’une école pour filles et garçons en 1876. Au milieu du bâtiment, la Mairie, à gauche l’école des garçons et à droite celle des filles… Tous les élèves portaient la même tenue: «un tablier de satinette noire, le sarrau, boutonné sur le côté avec un col rond ». En 1914, le transfert de la Mairie, dans une maison de maître de l’avenue Carnot, permet l’aménagement de nouvelles classes. Mais pendant la seconde guerre mondiale, l’école est occupée par les soldats allemands. Les élèves suivent les cours dans des lieux de fortune à Viravent, au château La Mothe et chez Sarra, une maison face à l’école… Suite à sa rénovation en 2000, l’école a pris le nom d’un couple d’ancien directeur et directrice Jean Charles et Jeanne Duniau. Mais elle reste pour tou·te·s, l’école des Cavailles.
L’école maternelle Gambetta
Elle s’est installée en 1956 dans un bâtiment de l’ancienne propriété Descorps, achetée deux ans plus tôt par la ville. Un bâtiment datant de la fin du XIXème siècle, érigé sur le cours Gambetta, anciennement «chemin de Tréguey» qui traversait le grand territoire marécageux de la rive droite. C’était une passerelle sur pilotis, seule voie pour rejoindre la Garonne !!! Aujourd’hui encore, entre coteau et Garonne, des quartiers du bas Cenon sont en zone inondable. Voici pourquoi la nouvelle école maternelle Gambetta est construite sur… pilotis.
L’école élémentaire Camille Maumey
Le conseil municipal décide en 1891 de construire une école maternelle gratuite, au lieu-dit Pichot, dans le bas Cenon, sur des terrains situés entre la rue de la Mairie (chemin Canelle) et la rue Arago. En 1898, l’école est transformée en groupe scolaire, maternelle et primaire. Pendant plus d’un siècle l’école Pichot ne cesse de s’agrandir. Pendant la deuxième guerre mondiale, Cenon étant en zone occupée par l’armée allemande, les élèves de l’école sont mis à l’abri et placés dans des familles du Lot et Garonne. Une solidarité entre ville et campagne, honorée, 60 ans plus tard par l’association des anciens élèves de l’école.
Le 25 février 1945, le conseil municipal délibère pour donner à l’école le nom de Camille Maumey. Cet instituteur enseignant à Pichot et résistant fut fusillé par les Allemands. L’extension maternelle a été démolie en 2013 à cause du doublement de la voie ferrée et entièrement reconstruite (histoire et témoignages à relire dans TEMPO n°34).
Les autres écoles cenonnaises datent de la deuxième moitié du XXème siècle. Leurs constructions jalonnent les étapes de l’aménagement de quartiers du bas Cenon et de l’urbanisation du haut Cenon.
L’école élémentaire Jules Guesde
Située entre les quartiers Grédy et Tour Blanche elle fut construite sur un ancien vignoble appartenant à M. Testaud. En 1954, les cabanes en bois où logeaient des familles d’ouvriers ont été rasées pour faire place à une cité de 140 logements modernes. Une nouvelle école s’imposait… En 1959, la mairie acquiert un terrain de la famille Marchesseau et y fait construire une école de 7 classes qui sera inaugurée à la rentrée 1961. Evitant ainsi aux élèves du quartier la traversée dangereuse de l’avenue Jean Jaurès, comme le remarquait le journal Sud Ouest du 25 avril 1961.
Dans le haut Cenon, les écoles Alain Fournier, Alphonse Daudet, Louis Pergaud, Jean Jaurès élémentaire et maternelle, René Cassagne, Léon Blum, Vincent Van Gogh, Francisque Poulbot, Anatole France, Charles Perrault, Jules Michelet élémentaire et maternelle… sont construites (sous maîtrise d’ouvrage de la communauté urbaine de Bordeaux) au fur et à mesure que les prairies et les vergers cèdent leurs places aux cités, résidences et lotissements… Certaines, aujourd’hui, sont réaffectées, d’autres, après réfection, sont progressivement rétrocédées à la commune.