Mais conserver un caractère sauvage, c’est du travail ! La responsabilité en incombe à Natalia Géhin, recrutée fin 2021 en qualité de cheffe de projet parc des Coteaux. L’une de ses premières missions a été d’y inclure La Plaine du Faisan (Carbon-Blanc), séparée du parc Beauval (Bassens) par un simple sentier… Une convention a été passée entre le GPV* et la Ville de Carbon-Blanc pour qu’elle rejoigne le parc LAB (diminutif de laboratoire du parc des coteaux).
Lieu d’échanges et de partages d’expérimentations réunissant élus, techniciens, chercheurs, cabinets conseils, le parc LAB nourrit et coordonne le plan de gestion écologique intercommunal. On lui doit entre autre des études faunistiques et floristiques régulières, la montée en compétence des jardiniers municipaux (formation de maître jardinier), l’éco pâturage itinérant, la fenaison (coupe des foins), le suivi des papillons, etc.
La saison des foins
Le GPV a investi dans du matériel agricole (faucheuse, andaineuse, botteleuse). En juillet, pour la deuxième année, les villes ont fauché leurs prairies, technique préférable au broyage pour épargner sauterelles, papillons, araignées, voire petits mammifères. L’herbe est aussitôt ramassée pour éviter sa décomposition : cet enrichissement ne serait profitable qu’aux espèces à croissance rapide, au détriment d’une plus grande diversité de fleurs.
Nourricière, cette récolte de printemps a été donnée aux brebis, aux animaux de la Ferme des Iris et aux chevaux de La Burthe. Selon les années, une seconde fenaison, pauvre en nutriments, peut s’effectuer en septembre. Elle est alors destinée au paillage de massifs ou aux litières.
La saison des papillons
L’Azuré du Serpolet, papillon protégé à l’échelle nationale, est emblématique des milieux calcaires. Nous devrions le voir virevolter un peu partout. Or les études n’en ont recensés qu’au parc du Castel (Floirac). Afin d’élucider cette énigme, le GPV a sollicité le Conservatoire d’Espaces Naturels Nouvelle-Aquitaine, le bureau d’étude Cistude Nature et l’association Fourmidables pour inventorier sa plante-hôte, l’origan, et sa fourmi hôte.
Mais au-delà de l’Azuré du Serpolet, c’est l’ensemble des lépidoptères (ordre des papillons du jour) qui est surveillé, du fait de la chute des populations (- 30% en 25 ans en Europe) et de leur rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes. Les jardiniers participent au protocole d’observation PROPAGE, coordonné par le Museum National d’Histoire Naturelle. 17 espèces ont été identifiées cet été.
La saison des arbres
La nuit des étoiles ne se vit plus au parc de l’Observatoire, mais il sera prochainement possible de se promener à quelques mètres de la cime des arbres...
Le Laboratoire d'Astrophysique de Bordeaux (LAB) a quitté Floirac pour Pessac en 2016. Aujourd’hui, des chercheurs de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) y étudient sur le long terme « la réponse de la forêt urbaine au changement climatique, et les effets sur la santé environnementale et le bien-être ».
Des capteurs placés sur 25 arbres enregistrent leur croissance et la circulation de la sève, pour comprendre leur réponse à la sécheresse. Suspendus aux branches d’autres sujets, des paniers récoltent les graines, afin de quantifier et examiner la reproduction.
En parallèle, le GPV entame une réflexion sur le patrimoine arboré du parc des coteaux, notamment au regard de l’impact des usages et du changement climatique.
Propriété de l’Université de Bordeaux, le parc de l’observatoire devrait en partie rouvrir au public. Le « jardin commun » en cours de réalisation sera le lieu d’ateliers scientifiques participatifs. Et, si le financement est atteint, une passerelle érigée à 15 mètres de hauteur, soit dans le houppier des arbres, sera la promesse de balades sous la canopée…
La saison des prises de conscience
Plus de 115 hectares sont classés par le Département en Espace Naturel Sensible, en raison de la richesse des milieux et des espèces présentes, et de leur vulnérabilité. Parmi les activités humaines les plus préjudiciables : les pratiques hors-piste du trail et du vélo-cross. Des pratiques qui dérangent la faune, et peuvent par endroits, accentuer l’érosion du coteau. Mais plutôt que réprimer, le GPV préfère informer.
Une nouvelle carte du parc des Coteaux vient de paraître. Vont suivre un jeu pour les enfants et une charte pour les associations organisatrices de manifestations culturelles ou sportives. Autant d'outils pour mieux comprendre la biodiversité, et comment chacun peut contribuer à sa protection.
Plus d'infos : la page Instagram du parc des coteaux / le site Internet du GPV
*Grand Projet des Villes Rive Droite : groupement d’intérêt public qui soutient le développement urbain, économique, social et culturel des communes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac.
A voir : "Bergère de bitume"
Film documentaire de Corinne Eychenne (Université de Toulouse Jean-Jaurès) et Olivier Bories (ENSFEA).
Suzanne Lefort, bergère du parc des Coteaux (sur la rive droite urbaine de Bordeaux Métropole), a été filmée par une équipe de chercheurs tout au long d’une saison d’itinérance. Un témoignage de son métier singulier de bergère en milieu urbain, un portrait sensible.
film-recherche cofinancé par l’ENSFEA, Bordeaux Métropole et le GPV Rive Droite.