Jusqu’au 27 mars, le Rocher de Palmer accueille l’exposition photographique “L’oeil de Ken”. Une soixantaine de clichés noir et blanc de “résidents de la rue” que l’on doit à Ken, Cenonnais du quartier de la Marègue. Ni démarche expérimentale, ni étude sociologique, ce travail est le fruit du temps passé à écouter, discuter, rencontrer, s’attacher à ceux que l’on ne voit plus trop. Un regard tourné vers l’autre, une sensibilité à fleur d’iso*… ma curiosité n’a fait qu’un tour, je ne pouvais pas ne pas savoir, Ken qui es tu?
A force de galoper sur les réseaux, la biche numérique que je suis, avait déjà repéré cette fameuse page Facebook “L’oeil de Ken". Je n'étais pas la seule. Une bonne âme a eu l’idée d’en parler au directeur du Rocher. “Je confirme, on m’a alerté et demandé d’aller voir ce travail photographique. J'ai tout de suite voulu le rencontrer" explique Patrick Duval. Une fois n’est pas coutume, c’est l’équipement culturel qui est allé vers l’artiste pour lui proposer de s’installer pour un petit mois dans les galeries du Rocher. “Même si nous ne sommes pas une galerie d'exposition avec éclairages et salles dédiées, nous allons néanmoins donner plus de visibilité à son travail”. What a good idea!
"IL FAUT PORTER NOTRE VISION DU PARTAGE"
Ken Wong Youk Hong est cenonnais, et fier de l’être! “Cenon est la plus belle ville de Bordeaux”, annonce-t-il au public du vernissage. La voix saccadée, un poil vibrante. l’émotion passe aussi par les mots : “Je suis touché d’être accueilli ici. C’est un endroit de rencontre et d’ouverture, et nous partageons cette vision commune qu’il faut porter. Je vois des enfants venus avec leurs parents, c'est chouette, c'est la voie qu'il nous faut suivre. Le but est ici de créer du lien entre l’homme de la rue et l’homme chez lui. ”. Oui Ken, absolument d’accord. Et ton pas de côté pour nous en convaincre, a la force de l’empathie et de l’authenticité.
"UNE VRAIE EXPO, J'Y CROYAIS PAS"
Ken est d’une modestie touchante. Au bord de l’étonnement en voyant ce monde cueilli par ses photos, il remercie, explique, se rend disponible pour les personnes admirant les portraits encadrés.
“C’est la première fois que je les regarde tirés sur papier ET encadrés, comme dans une vraie exposition. Quand j’ai vu, je me suis assis pour mieux respirer. Je n’y croyais pas”, me confie Ken que j’ai réussi à coincer quelques minutes.
“Je suis installé à Cenon depuis 6 ans. Je connaissais bien la rive droite car j’ai travaillé longtemps au Quatre pavillons. C’est ici qu’on voulait s’installer avec ma femme pour acheter une maison. Je n’ai imposé qu’une contrainte : voir des tours quand je quittais mon domicile. Et le Rocher, je l’ai découvert lors de la mix up battle de hip hop. D’entrée j’ai trouvé le lieu magique.”
"CE MEC, C'EST LA GENEROSITE INCARNEE"
[caption id="attachment_3688" align="alignnone" width="700"] Ken signe son premier autographe à la rayonnante Jade
L’histoire de Ken et sa bonté comme seconde peau, on l’a connait un peu, on l’a lu dans la presse récemment. On devine un besoin viscéral d’apporter son soutien aux hommes et femmes de la rue. “Ce mec là, c’est la générosité incarnée, il peut pas s’empêcher d’aller chercher des vêtements ou de la nourriture quand il voit une personne assise dans la rue. Par contre, son assiette, il l’a partage jamais!” balancent en passant près de nous, deux grands gaillards aux yeux rieurs . “Ma garde rapprochée, mes amis", me glisse Ken à l’oreille. Au total, ce sont 5000 clichés que Ken a accumulé dans son ordinateur au fil du temps . “Je n’ai pas voulu faire de selection, c’est le hasard qui a determiné les choix pour l’exposition et le livre**. J’ai invité mes “modèles” à venir se voir ici. Mais ils m’ont répondu qu’ils se voyaient déjà tous les matins dans la glace.” J'avais encore plein de questions, mais le public s'impatientait. Il a bien fallu lâcher Ken, qui ne peut s'empêcher de me dire "merci de l'intérêt porté à mes photos". Hmmm, mais c'était un plaisir! * iso : en photographie, norme désignant l'unité de mesure d'exposition à la lumière.** : "Comme une ombre dans la ville", recueil textes et photos de Ken, 17 euros aux éditions Passiflore (bénéfices reversés à Emmaüs) Il y a les photos à l'effet magnétique, mais il y a les textes aussi. Des mots de la rue, parfois durs, souvent poétiques, et toujours justes. Jetez vous vite au Rocher, l'expo est gratuite et visible jusqu'au 27 mars, gaffe, le temps passe vite!
L’histoire de Ken et sa bonté comme seconde peau, on l’a connait un peu, on l’a lu dans la presse récemment. On devine un besoin viscéral d’apporter son soutien aux hommes et femmes de la rue. “Ce mec là, c’est la générosité incarnée, il peut pas s’empêcher d’aller chercher des vêtements ou de la nourriture quand il voit une personne assise dans la rue. Par contre, son assiette, il l’a partage jamais!” balancent en passant près de nous, deux grands gaillards aux yeux rieurs . “Ma garde rapprochée, mes amis", me glisse Ken à l’oreille. Au total, ce sont 5000 clichés que Ken a accumulé dans son ordinateur au fil du temps . “Je n’ai pas voulu faire de selection, c’est le hasard qui a determiné les choix pour l’exposition et le livre**. J’ai invité mes “modèles” à venir se voir ici. Mais ils m’ont répondu qu’ils se voyaient déjà tous les matins dans la glace.” J'avais encore plein de questions, mais le public s'impatientait. Il a bien fallu lâcher Ken, qui ne peut s'empêcher de me dire "merci de l'intérêt porté à mes photos". Hmmm, mais c'était un plaisir! * iso : en photographie, norme désignant l'unité de mesure d'exposition à la lumière.** : "Comme une ombre dans la ville", recueil textes et photos de Ken, 17 euros aux éditions Passiflore (bénéfices reversés à Emmaüs) Il y a les photos à l'effet magnétique, mais il y a les textes aussi. Des mots de la rue, parfois durs, souvent poétiques, et toujours justes. Jetez vous vite au Rocher, l'expo est gratuite et visible jusqu'au 27 mars, gaffe, le temps passe vite!