La fête des 20 ans, c'était le 6 octobre 2018, avec les amis et partenaires et... le vent et la pluie en invités surprise... Nous les avons rencontrés, au chaud dans leur local du parc du Loret, en novembre dernier : Aïcha Chapelard (journaliste professionnelle salariée), Laëticia Bourouaine, graphiste et chargée de communication ( ex contrat aidé) et une rédaction ouverte à des plumes bénévoles : Danièle Heyd (patrimoine, culture), Françoise Rouquié (culture), Gilbert Perrez (histoire, patrimoine), Alain Duleu-Burré (économie, président de l’association l’Autre rive), Ellen Duleu-Burré (éducation, enseignement), Maïté Lavie (social), Didier Lavie (économie et autres) Théo Abarrategui (littérature et réseaux sociaux), Guy Liévin (sports).
Révéler la richesse d’un territoire dans un esprit d’ouverture et d’indépendance
Alain Duleu-Burré : « Je me suis présenté un jour à un comité de rédaction. J’y ai trouvé un accueil chaleureux, ouvert, et même si je venais d’un horizon très différent ayant fait carrière dans la banque et la finance, j’ai compris que je pouvais trouver une place au sein de ce comité. Ce qui m’a intéressé d’emblée, c’est de pouvoir écrire, faire des photos, rédiger des articles sur la vie de la Rive droite à laquelle je suis très attaché. Jacques Brunet aussi m’a beaucoup aidé, sa présence, son implication dans la vie du journal et aussi, même s’il n’a jamais été journaliste professionnel, son expérience du journalisme. Car, il a fait école auprès de beaucoup de journalistes pros par contre. Il avait une éthique, des méthodes de travail, une curiosité, une culture qui m’ont beaucoup aidées à démarrer. Grâce à ses conseils, mon apprentissage s’est avéré profitable, même très court. En l’espace de 6 mois, il m’a appris le métier. J’étais très motivé, il le fallait, ça s’est donc bien passé. »
Danièle Heyd : « Au départ, c’était un groupe d’enseignants emmené par Pierre Cixous qui voulaient lutter contre l’image négative de la Rive droite, en montrer toute sa richesse, l’explorer… Avec Jacques, c’est devenu plus l’écoute des habitants de la rive droite. Car, il allait participer aux conseils de quartier, c’était vraiment le spécialiste. »
Françoise Rouquié : « Jacques avait fondé plus tôt la radio libre 02 radio. Autour de lui a donc travaillé un groupe dans cet esprit-là, que nous souhaitons garder. »
Aïcha Chapelard : « C’est un journal associatif. À la différence avec la presse traditionnelle, le regard décalé du citoyen intervient. Il s’agit de mettre en lumière un territoire. On essaie de se conformer à des règles de base : s’informer, recouper ses sources, aller voir les personnes concernées. Avec cette volonté de promouvoir les belles initiatives de ce territoire ; ça reste l’état d’esprit de Jacques Brunet, nous voulons le garder. On n’est pas forcément un journal polémique, mais on n’est pas un journal connivant. »
Hommage à Jacques Brunet
J.Brunet s’est éteint en octobre 2018, le lendemain de l’anniversaire des 20 ans d’un journal qu’il avait contribué à fonder.
Son regard comme son enseignement, clairs et bienveillants, accompagneront longtemps l’équipe de la rédaction. Très investi dans les radios libres (dont O2Radio qu'il a contribué à créer), Jacques Brunet a enrichi la ligne éditoriale du journal en écoutant les habitants, en intégrant la parole des minorités. Esprit ouvert et curieux, il a transmis ses valeurs et ses convictions à ses ami.e.s. de l’Echo des Collines et d’O 2 Radio.
Comment continuer l’aventure éditoriale en 2018 ?
Alain Duleu-Burré : « Il y a une baisse du lectorat, compensée par la stabilité des ventes aux abonnés mais, en kiosque, cela diminue inexorablement. On veut réagir tout en conservant notre identité. Conserver l’édition papier, ne pas opter pour le tout ou rien, c’est-à-dire supprimer l’édition papier pour n’en faire qu’une, numérique. On va compléter le journal papier par un site internet entretenu, actif et des publications sur les réseaux sociaux : la page facebook est active, un compte Instagram ouvert récemment pour ouvrir le lectorat à des lecteurs plus jeunes.
On a modernisé notre présentation : la couleur en 2015-2016, une présentation plus aérée en 2018, avec plus de photos et de couleurs, dans un bel équilibre avec les textes écrits, dans le ton de la lecture aujourd’hui, facilitée, plus agréable donc. tout en restant fidèles à notre ligne éditoriale : parler avant tout de la Rive droite, recueillir la parole de ses habitants, tout en étant libres et indépendants. Ceci est une force. Cela nous permet de nous intéresser à tout ce qui rend vivant la Rive droite, dans un esprit citoyen. Nous sommes présents dans beaucoup de manifestations, nous voulons être l’écho des événements porteurs sur la Rive droite. »
Notre force à nous, c’est l’envie de faire, même bénévole, sur du local, sur un territoire.
Aïcha Chapelard : « L’association L’Autre rive a plein d’axes, son ADN est l’ouverture sociale aux autres et l’accès à l’écrit. Ce sont des enseignants pratiquant la pédagogie Freinet qui en sont les fondateurs donc forcément, créer un concours d’écriture, animer des ateliers, vient de l’idée d’amener l’habitant chez nous, dans nos locaux. Cette activité fonctionne très bien. Nous avons 3 enseignantes bénévoles supplémentaires. Mais en terme de médias, on n’échappe pas à l’érosion du lectorat. Notre force à nous, c’est l’envie de faire, même bénévole, sur du local, un territoire... Nous sommes proches des gens, c’est une source intarissable, c’est le propos ! Nous faisons une info différente (éloignée d’un media classique) avec un regard différent. Nos éditions sont mensuelles. Donc, nous prenons le temps ! On doit transcender l’aspect économique. Notre journal, on le fait de toutes façons quoi qu’il arrive. L’Echo des Collines sortira toujours d’une manière ou d’une autre. Si, à un moment donné, pour une raison x, il se réduisait à 4 pages (au lieu des 26 actuelles), et bien, elles y seraient. Les habitants de la Rive droite auront toujours la parole. »
Écoute et écho des habitants, des associations, de celles et ceux qui vivent et travaillent ici...
Alain Duleu-Burré: « Nous avons la chance, au bout de 20 ans, d’être un mensuel relativement connu, même si notre auditoire reste limité.
Chaque fois qu’il y a un événement, par le biais des associations partenaires, nous sommes informés. Cela nous permet d’avoir de très bonnes sources, de choisir et de qualifier nos sujets, au vu des nombreuses invitations que nous recevons. À côté de cela, nous avons un sujet central sur un thème d’actualité. Nous nous intéressons à l’info au plan régional, voire national, avec surtout ses retombées ici sur la Rive droite. Avec un éclairage local, avec les habitants. Au final, nous n’avons pas de problèmes pour trouver des sujets. Beaucoup de thèmes viennent vers nous. »
Activités sociales en expansion et des actions de formation à développer
Alain Duleu-Burré : « Les activités sociales de l’Autre rive perdurent et se développent. Nous avons les ateliers de français langue étrangère destinés aux populations d’origines diverses qui viennent sur nos territoires quelle que soit la classe d’âge. Ce sont des migrants, des personnes installées ici depuis longtemps qui veulent se former à la langue française. Ces ateliers accueillent 25 stagiaires (nous sommes hélas limités par des questions d’encadrement et de logistique.) C’est une de nos missions à laquelle nous tenons : favoriser l’acquisition et la pratique de la langue française, et en plus, nous avons un partenariat de longue date avec le lycée Élie Faure pour les classes journalistes avec Gérard Clabé. Enfin, nous organisons des concours d’écriture. L’écrit est la base de notre métier. C’est un critère majeur pour nous… que le mensuel soit bien écrit et qu’il serve de tremplin pour nos stagiaires. Certaines pages sont réservées à ces jeunes lycéens et stagiaires des ateliers de français. Cela perdure et continuera encore longtemps. »
Site internet et réseaux sociaux pour élargir l’audience du journal
Théo Abarrategui : « Je fais de l’info pratique à propos de l’Echo ; quand un nouveau numéro sort, j’en parle, j’en fait la com, ainsi que pour les autres projets de l’association etc.. Facebook, c’est assez clos comme réseau, mais à ne pas négliger. À la suite de l’anniversaire des 20 ans, avec le partage des connexions, avec des municipalités, des gens, on a eu un afflux de connexions sur notre page. Instagram est plus fluide comme réseau, tout le monde peut y aller. Des entreprises du coin nous suivent et nous relayons leurs infos : 700 abonnés sur Facebook, 100 en 3 mois sur Instagram, c’est pas mal ! »
Un contexte difficile avec la fin des emplois aidés
Alain Duleu-Burré est président de l’association L’Autre Rive depuis 2017. Venu du monde de l’économie et de la finance, il reste plein d’espoir pour l’avenir du journal, malgré les difficultés. Maintenir une édition papier sans céder aux sirènes du tout numérique n’est pas une course à l’abîme. Mais un choix réfléchi pour : « conserver notre identité, en restant fidèle à J. Brunet, » et continuer à « mettre en lumière les belles initiatives de ce territoire ».
Mais même un journal associatif qui fait commerce des idées et des faits doit penser à assurer sa pérennité. Avec la fin des emplois aidés et la raréfaction des subventions, la chose n’est pas aisée pour construire un autre modèle économique. Les soutiens sont toujours là, venus des collectivités territoriales (villes du GPV Rive droite) et des pouvoirs publics (Commissariat Général à l’Égalité des territoires pour les classes de Français et Ministère de la Culture). Cela est précieux. « C’est une reconnaissance sur la qualité de notre travail. Tant qu’on aura ces soutiens, on pourra continuer car on est dans le vrai. »
Article dans TEMPO 42 , bientôt dans les BAL
Association L'autre Rive / L'écho des collines
Parc du Loret, Rue des Catalpas
Tél : +33 5 57 34 01 96
communication.echodescollines@hotmail.fr