L'école élémentaire Jean Jaurès accueillait en cette fin d'année scolaire un "village citoyen". Grâce au partenariat entre l'Education nationale et Le Centre de prévention et de loisirs des jeunes (CPLJ33), 8 classes de 6 écoles cenonnaises ont participé à une journée d'ateliers pour appréhender autrement le programme d'instruction civique et morale. Visite guidée et commentée!
Le projet a été étudié avec la conseillère pédagogique Carole Tomasetig pour s'adresser aux élèves de CM2 avant leur passage dans le grand bain du collège. Et c'est une première pour le CPLJ, plutôt habitué à intervenir justement dans les collèges. "Nos missions de policier animateur s'adressent aux enfants à partir de 9 ans. L'intérêt d'intervenir dès l'école élémentaire c'est de toucher obligatoirement toute une tranche d'âge que nous ne voyons pas forcément dans notre centre de loisirs des jeunes", explique Jean Pierre Bonnaudin, directeur du CPLJ. Et c'est tout l'enjeu des 2 jours organisés dans les locaux de l'école Jean Jaurès :
impliquer les élèves dans un parcours de 3 ateliers sur le thème de la prévention, de soi et des autres. Le premier travail consistant à mixer les sexes, les classes et les écoles dans des groupes composés d'une petite dizaine d'élèves en moyenne. Les ateliers durent 45 mn et sont conçus pour faire agir et réagir les élèves. On y va!
Les 3 A pour sauver les vies
Pas la peine de me faire expliquer le sujet du premier atelier. En me glissant discrètement dans l'un des couloirs de l'école j'entends une voix forte et puissante qui demande : "Qu'est ce qu'une hémorragie?" Laurent est pompier volontaire et explique avec ferveur les premières règles de secourisme. Sans avoir au préalable expliquer ce qu'est une hémorragie et ses conséquences immédiates sur le blessé. Les explications sont indispensables et la mise en pratique, un instant autant ludique qu'efficace.
Par groupe de 2, les élèves appliquent
la méthode des 3 A à la lettre : D'abord j'
Appuie fort sur la plaie ouverte pour stopper l'hémorragie. Puis j'
Allonge le blessé pour que le sang remonte vers le cerveau (l'un des 3 organes vitaux avec le cœur et les poumons). Et enfin, j'
Appelle les secours, c'est à dire l
e 15 pour tout ce qui est lié à la santé, et le 18 pour tout ce qui a attrait au feu. "Et le 112, c'est quoi alors?", questionnent les élèves. "Le 112, c'est le numéro européen des premiers secours, à composer lorsque vous êtes à l'étranger", explique Laurent.
"Apprendre à porter secours, précise Jean Luc Quinotte, directeur de l'école élémentaire Jean Jaurès, fait partie du programme d'instruction civique du cycle 3 (CM1, CM2, et 6ème). Mais nous avons aussi intégrer dans ce "village citoyen" un atelier sur la prévention routière (qui complète la formation dispensée dans l'année par la police municipale) et sur les dangers d'internet. C'est la première fois que nous travaillons avec le CPLJ et il est un peu tôt pour faire un bilan mais les premiers retours autant des enseignant que des élèves sont très positifs".
Passeport pour l'internet
En quittant l'atelier secourisme, je passe donc quelques minutes sur l'atelier sécurité routière. Histoire de vérifier les classiques.
Mon vélo est-il bien équipé d'un "dispositif réfléchissant latéral?" Sous entendu, ai-je bien cette petite pièce plastique clippé à la roue qui permet de me repérer la nuit et de loin? Est-ce que je prends bien soin
de porter un gilet à bandes réfléchissantes? un casque (obligatoire jusqu'à 12 ans)? et de vérifier mes feux et mes freins avant et arrière avant de prendre la route. Affirmatif, je continue donc ma tournée.
Lorsque j'arrive au dernier atelier, l'ambiance est à la concentration. Les élèves sont assis, et stylo en main, remplissent un questionnaire sous l’œil attentif des enseignants et de Céline, référente police auprès des écoles. Cette vérification sous forme de quizz permet de mesurer le niveau de compréhension et de mémorisation de la séquence prévention internet qui se termine. Enzo, qui finit juste de remplir sa feuille raconte : "Je savais déjà pas mal de truc mais j'ai quand même appris des choses. Et
j'ai retenu qu'il y avait aussi des pirates sur les réseaux sociaux. J'y étais et j'en suis parti. J'ai 12 ans, je suis un peu jeune, j'y retournerai plus tard". Cette assertion pleine de bon sens me laisse sans voix, tandis que Céline interpelle les élèves collectivement sur les réponses aux questionnaires. Là encore, une judicieuse façon de
susciter participation, compréhension et mémorisation sur des sujets dont beaucoup pensent déjà tout savoir.
Et "c'est vrai qu'ils savent déjà énormément de choses. Je pratique beaucoup le questionnement, en leur demandant ce qu'est internet pour eux.
C'est eux qui apportent les réponses, et moi je complète en expliquant par exemple comment protéger sa vie privée. Ils connaissent déjà la notion de pseudo, je renchéris avec la notion de fausses informations.
De cette façon, nous abordons les sujets qui les préoccupent et évitons le côté potentiellement anxiogène du web", explique Céline. Il est vrai aussi qu'en tenant compte de leurs pratiques, les intervenants affinent les conseils donnés aux mineurs qui peuvent ainsi se protéger seuls et mieux. Pour enfoncer le clou, l'atelier se termine par une petite série de courts témoignages vidéos d'adolescents qui se sont fait piégés sur internet par des personnes malveillantes. En 2 à 3 minutes, les questions principales sont posées, les réponses apportées.
"Quelle forme peut prendre un piège? Comment savoir qui se cache derrière la personne qui entre en contact avec moi? Comment réagir en cas de doute et de difficulté à communiquer avec ses parents?..." Connaître les liens utiles
pour signaler un danger à la police par exemple, ou vérifier les bons comportement à adopter sur le web font partie des objectifs de la séquence. Chacun repartira ainsi avec un livret de conseils pour les enfants et pour les parents
sur les manières de surfer sur le web en sécurité.
Faire attention à soi et faire attention aux autres c'est appréhender des règles de vie individuelles et collectives, c'est prendre conscience de ses droits et de ses devoirs. La journée "citoyenne" ne serait pas complète sans un temps plus récréatif mais néanmoins instructif. C'est tout l'intérêt de la partie de baby foot géant animé par Thomas, du CPLJ. "Ici, on favorise l'esprit coopératif et on rappelle qu'une partie se joue en observant et respectant des règles." Comme dans la vie au quotidien quoi!
En prime, et parce que réfléchir çà creuse, la journée est ponctuée par un goûter offert par la ville