"Je vais revivre un deuxième relogement..."

Mon ambiance de « grand village » en hauteur

Après ma Maîtrise et ma licence, en langues littérature et civilisation allemandes, obtenue au Maroc, j'ai poursuivi mes études en Allemagne où j’ai fait plusieurs métiers comme réceptionniste  dans un hôtel, aide-bibliothécaire, aide-soignant, pendant 13 ans, et enseignant chercheur en langue littéraire et civilisation allemandes. Ce qui m’avait le plus marqué à mon arrivée au Grand Pavois, c’était bien la cohabitation entre les locataires dans les trois tours : Caravelle, Galion et Goélette. Les locataires étaient pourtant de nationalité et de culture différentes. C’était enrichissant. Les fêtes culturelles, la sympathie des voisins, l’association des retraités pour laquelle j’étais investi ont marqué mon passage au Grand Pavois. On y trouvait souvent une ambiance de « grand village » en hauteur.

Tours du Grand-Pavois

Mais un des gros problèmes qu’on pouvait y rencontrer, c’était le regroupement des jeunes devant les entrées d’immeuble et la délinquance. Je vais vous raconter une de ma malencontreuse expérience au Grand Pavois : « un matin en allant au travail je ne retrouvais plus ma voiture. Elle avait disparu...  Quelques jours après je la vois garée sur le parking, avec beaucoup de marchandises dans le réceptacle. Je n’en revenais pas de mes yeux !! C’est après que j’ai su qu’elle avait bien été utilisée pour une casse de supermarché ! Un mauvais souvenir.

Fête de la musique en 2006 sur le parvis des tours du Grand-Pavois

Mon deuxième relogement dans une opération de renouvellement urbain

J’avais apprécié la politique de renouvellement urbain car elle avait permis de réduire la délinquance et elle avait encouragé, par le relogement, la mixité dans les autres quartiers. Sinon les appartements étaient grands et pas vraiment insalubres. En 2006 j’ai été relogé à la Marègue, sur la place La Rédeau. Mais les épreuves de la vie, liées à la maladie et la famille m’avaient éloigné de la ville. Pendant un certain temps, j’ai habité à Talence, Bordeaux-centre et à Lormont avec l’espoir de revenir un jour à Cenon. Mes vœux ont été exhaussés car en 2011 je suis revenu à Cenon dont j’avais la nostalgie. J’occupe en ce moment à Palmer un T4 avec ma fille et ma femme. Malheureusement notre bâtiment va être démoli et nous devons être relogés. Par conséquent, je vais revivre un deuxième relogement dans le cadre du renouvellement urbain. Mon souhait c'est d'avoir une maison avec 4 chambres où 3 chambres avec garage. Le tout dans Cenon ou ses environs. 

Mon appartement m’a permis de rebondir…

S’il n’y avait pas ce projet de démolition je resterais dans mon logement. Le bon climat social qui règne entre voisins, le savoir-vivre et le respect sont des choses agréables que l’on retrouvait dans mon entrée. On y rencontrait toutes les catégories socioprofessionnelles. Ce qui avait d’ailleurs attiré ma curiosité. Mes voisins  étaient soient des ouvriers, des fonctionnaires, professeur, etc.  Aujourd’hui tout ça est terminé. Nous sommes confrontés à un problème : la délinquance.

Ismaili, sur son balcon

Actuellement, beaucoup de gens ont été  relogés ailleurs. Ceux qui restent sont ceux-là qui ont des revenus modestes et qui attendent des propositions. Les relogements se terminent au plus tard fin de l’année 2021. Moi j’attends patiemment. Entre voisins nous échangeons souvent sur le projet. Certains se posent encore des questions sur la nécessité de démolition des bâtiments. Personnellement,  je trouve qu’il faut le faire pour le bien-être des habitants du haut Cenon.

La démolition, intéressante pour le bien-être à Palmer

Lors de la rencontre, en décembre 2020, pour la signature de l’acte d’engagement avec Domofrance, la mairie, j’avais pris la parole pour connaître les modalités de relogement des personnes handicapées, les mesures d’accompagnements et les organismes qui s’en occupent. J’ai eu des réponses satisfaisantes.

12 décembre 2019 : signature acte d'engagement pour le relogement des habitants

Je voudrai rester à Cenon. Et si toute fois  ce ne serait pas possible j’y reviendrais de temps en temps pour entretenir le capital humain que j’ai acquis à Cenon, dans le quartier Palmer.  Le lien social est pour moi un patrimoine pour tout individu qui veut partager ses envies, ses avis avec les membres de sa famille restreinte ou élargie, ses voisins, son réseau. Je veux continuer à entretenir le terreau de ce lien.  Car pour moi, la vie rime avec l'optimisme. Il faut  rester sur le « fil d'araignée » de l'optimisme.  C’est pourquoi je dis souvent que l’acquisition de mon appartement ici à Palmer, m’a permis de rebondir... Le rebond et l'espoir sont liés. Quelque soit sa société d’origine, sa classe sociale, si on a de l'espoir il y aura la vie. L’espoir nous oriente vers le meilleur. Mon souhait  c’est d’avoir une maison adaptée à mes besoins, qui ne soit pas loin de Cenon, où je pourrais bien  vivre après ma retraite.