Située dans le prolongement de l’avenue Thiers bordelaise et de l’avenue cenonnaise Jean Jaurès, il est toujours d’usage d’appeler côte des 4 pavillons, la montée cheminant le long du parc Palmer. Pourtant, depuis 1894, cette voie se nomme officiellement avenue Carnot, en hommage au Président de la République Sadi Carnot, assassiné cette année-là, dans l’exercice de ses fonctions.
L’avenue Carnot s’étend du croisement avec le cours Victor Hugo en son bas, jusqu’au giratoire du haut, le carrefour des 4 pavillons, sur lequel débouche une autre artère importante de Cenon : l’avenue René Cassagne. L’appellation 4 Pavillons fait précisément référence à ce croisement, où quatre maisons aujourd’hui disparues, se tenaient.
Jean-Baptiste Billaudel, né le 12 juin 1793 à Rethel et décédé à Cenon le 23 juin 1851, est un ingénieur français, ingénieur en chef des ponts et chaussées, maire de Bordeaux en 1848, conseiller général et député de la Gironde de 1837 à 1849, président de l'Académie de Bordeaux. (source wikipédia)
Les 4 Pavillons deviennent alors un passage obligé vers la route de Paris, la nationale 10, seule voie d’accès vers la rive droite pendant près d’un siècle et demi, jusqu’à l’ouverture des ponts Saint Jean (en 1965) et d’Aquitaine (en 1967).
Les 4 Pavillons : passage d’étapes sportives !
La célèbre course cycliste Bordeaux-Paris se tint de 1891 à 1988. Le départ à l’assaut de la capitale se faisait devant une petite (et grossière) reproduction de la Tour Eiffel. En témoignage de cette époque, elle a été restaurée et implantée en 2003 devant la salle Pierre Curie. Après une version cyclosportive en 2014, la mythique course fera son véritable retour les 20 et 21 mai 2022, mais sans passage à Cenon !
Autre course, là de triste mémoire : le 24 mai 1903 à 3h30, est donné le départ de la première course automobile Paris-Madrid via Bordeaux. Aux 4 Pavillons, l’hôtel Terracol est désigné point de contrôle et d’arrivée de la première étape. Sur les 315 participants, le premier concurrent à s’y présenter est Louis Renault (fondateur du futur fleuron industriel). A bord de sa Renault 30 HP, il met 5h29min39s pour relier Paris – Bordeaux, mais n’ira pas plus loin. La course est stoppée nette, l’étape ayant entrainé la mort de 8 personnes et fait une vingtaine de blessés parmi les coureurs et le public amassé sur les routes !
Au tournant des années 50, le « tout-voiture » a la côte !
Les 4 Pavillons ne sont pas qu’un axe de passage. Au quotidien, la côte est partagée pacifiquement par les piétons, voitures, vélos, trains, tramways. Les aménagements sont alors bien différents de ceux d’aujourd’hui, mais des similitudes avec notre époque interpellent...
Au pied de la côte, on abaisse la « première barrière » au passage des trains (aujourd’hui le TER s’arrête au pôle multimodal). Et dès le début du XX° siècle, les tramways remontent du pont de Pierre vers les 4 Pavillons. Exactement comme aujourd’hui !
Après-guerre, l’augmentation des trafics ferroviaire et surtout automobile va changer la donne. « En forte progression depuis 1949, la France se classe troisième en 1952 avec une production de 500 350 véhicules automobiles, camions et autocars compris, derrière les États-Unis 5 588 000 et la Grande-Bretagne 689 600, mais devant l'URSS 500 000 (estimation), le Canada 433 800, l'Allemagne occidentale 428 450 et l'Italie 138 400. » (source Wikipédia)
Des aménagements pour fluidifier le trafic automobile et circonscrire les accidents
En 1953, pour faciliter la montée des voitures, on procède à des travaux de redressement en empiétant sur une partie du parc Palmer. En 1968, le bas de la côte est aménagée pour canaliser les fossés, créer des trottoirs, des stationnements et des pistes cyclables.
Dans la foulée, dans le haut Cenon, on a la (mauvaise) idée d’implanter un autopont pour permettre une jonction plus facile entre Cenon - Lormont et la direction vers Libourne. Vingt ans plus tard, le constat est sans appel : dangereux, l’édifice est détruit, remplacé en 1991 par le giratoire carrefour des 4 pavillons avec feu tricolore.
Au fur et à mesure de la densité du trafic, la cote des 4 pavillons établit un triste record ! L’accidentologie menée dans les années 1980 qualifie le croisement au pied de la côte : point le plus dangereux de l’agglomération bordelaise. En moins de 5 ans, 80 accidents y ont eu lieu, causant la mort de 2 personnes, 11 blessés graves et 111 légers. Afin de réduire les vitesses, en 1986, le virage de la côte surplombant le quartier de Lissandre est sécurisé, une signalisation et des terre-pleins prennent place à l’entrée de la montée. Autre sécurisation : le 17 avril 2001, est inaugurée la trémie passant sous le rond point des deux villes.
Le tout-voiture a fait son temps !
En 2000, la destruction des habitations au pied de la côte annonce le retour du tramway en ville. « La première ligne de tramway de Bordeaux, avec des voitures tractées par des chevaux, est inaugurée en mai 1880, par le maire Albert Brandenburg. Puis le maire Camille Cousteau inaugure, en février 1900, la première ligne de tramway électrique. Les tramways ont disparu de l’agglomération bordelaise en 1958 après une décision du maire Jacques Chaban-Delmas. » (source wikipédia) Le 21 décembre 2003 est inauguré le premier tronçon de la ligne A reliant Mériadeck à La Buttinière. Suivront les lignes B, C, leurs extensions, puis la ligne D.
La voie verte ouvre fin octobre
Définie par le code de la route, une voie verte est une « route exclusivement réservée à la circulation des véhicules non motorisés, des piétons et des cavaliers (peu fréquents à Cenon !) ». Côte des 4 Pavillons, dans le sens de la montée, la voie verte remplace l’ancienne piste cyclable désaffectée, fermée suite à l’effondrement en 2016 d’une partie du mur de soutènement du coteau. Au moment du renforcement, choix avait été fait de ne pas la remettre en service, une alternative existant depuis 2004 côté gauche le long du tram.
Pourtant, de nombreux cyclistes continuaient à l’utiliser et à rouler sur le trottoir une fois arrivés au niveau de la mairie. Face à cet usage persistant, fin 2020, la ville de Cenon, en accord avec Lormont, demandait à Bordeaux Métropole d’œuvrer à sa réhabilitation, avec deux exigences : son élargissement pour l’ouvrir aux piétons, sa continuité jusqu’à la rue Camille Pelletan.
Côte des 4 Pavillons désormais, les automobilistes ne circulent plus que sur une seule voie limitée à 50 km/h. Les vélos ont deux possibilités : piste de gauche pour se rendre à Lormont, piste de droite pour gagner le haut Cenon. Finis le détour par le pont des collines, et surtout la mise en danger de celles et ceux qui traversaient les voies automobiles ! De nouveaux cheminements doux mènent les piétons à la Buttinière, au parc Palmer, au giratoire des deux villes.
L’aspect très urbain de la côte est atténué, grâce à la suppression de zones minérales inutiles, la plantation d’arbres, une continuité écologique et paysagère avec le parc Palmer.
A la fin octobre, l'assaut du coteau se fera en toute sécurité !