De la Médiathèque au Centre communal d'action sociale, des écoles au Centre social et culturel la Colline, en passant par le Lycée La Morlette et l'Espace Simone Signoret, le chant multiple des Afriques a résonné, invitant à la découverte des richesses poétiques du continent monde, stimulant les créativités des jeunes comme des seniors. A Cenon, ce 19 ème Printemps des poètes était coordonné par ALIFS*
Focus sur l’atelier plurilingue du Centre social et culturel la Colline. Reportage lors de la la 1ère répétition des lectures présentées le 11 mars dernier.
...Tiens, il y au mur des portraits du poète sénégalais Sédar Senghor.
Kima, Fatma, Norreddine, Damia, Majouba, Mahawa parlent arménien, turc, arabe, peul. Ils habitent Cenon, viennent apprendre à lire et à écrire en français pour mieux s’insérer dans la société. Ils ont des niveaux, des origines sociales et culturelles différents. Mais ici, tout le monde est sur le même pied d’égalité.
Une chose me frappe : quelque chose de déterminé dans leurs regards, leur volonté pour apprendre. Ici, la langue d’origine n’est pas remisée au placard. Chacun peut l’exprimer et sera valorisé dans sa diversité.
Ça y est le chœur plurilingue aborde le poème de Léopold Sédar Senghor : « À mon frère blanc. Cher frère blanc, quand je suis né, j’étais noir... » Lentement, Véronique Jacquemard la formatrice et Josiane, une bénévole, décortiquent le sens de chaque mot, s’assurent que chacun a bien compris. Intonations, conjugaison des verbes, temps utilisés. Puis, on se met les mots en bouche et dans l’oreille. « Alors, de nous deux, qui est l’homme de couleur ? »
Kima a appris le poème par cœur. Elle se jette à l’eau et le déclame en entier. Bravo, Kima ! Ça y est, elle a pris confiance.
Sur une vidéo, Saïdou Abatcha, un griot de l’Afrique de l’Ouest dit des proverbes africains tout en jouant de sa sanza. « Si tu ne sais pas où tu vas, sache quand même d’où tu viens ! » Il faut répéter ce qui a été entendu. Certains s’aident du modèle écrit sur leur papier. À toi Mahawah ! En français puis en peul. Génial, elle a gardé le rythme de la sanza !
D’autres proverbes encore. Chacun dit le sien en français puis dans sa langue maternelle. Toute la musicalité des langues s’empare de la pièce. On est bouleversés par ce surgissement magnifique.
Place au théâtre avec Wahid Chakib, comédien. À lui de mettre en scène le travail de ce matin qui deviendra spectacle le 11 Mars: Ateliers d’écriture avec des poètes invités, lectures théâtralisées, siestes poétiques…
Pour tous, une 1ère expérience de théâtre. Travailler les entrées et sorties de scène, se positionner dans l’espace… Musique… Déclamer, mettre plus d’émotion, en jeu individuel ou collectif. Sacré boulot !
Grâce à Wahid, les voix timides au début s’enhardissent. Climat de confiance, bonne humeur. On sent monter en chacun un désir plus fort de s’investir, de s’entraider ; les intentions de jeu sont bien meilleures. Merci aux formatrices et au comédien pour leur travail délicat, progressif, attentionné et ce climat positif. Merci à leurs grands élèves que la poésie élève et inspire !
J’ai ri avec eux, gagnée à mon tour par une envie communicative d’aimer mieux la vie.
La poésie est prise de parole, engagement au monde. Le poème fait réfléchir, il oxygène les méninges. Il est ce moyen d’expression libérateur qui stimule le goût de la lecture, de l’écrit et celui d’avancer dans la vie.