Respectivement conseillère en création d'entreprise et coordinatrice au CIDFF, Paula Figueroa-Savidan et Angèle Grézil, le disent en cœur : « Emergence, c'est l'opportunité pour des femmes éloignées de l'insertion professionnelle, de repartir à zéro, de rebondir, pour mieux avancer. »
"Emergence", c'est autant un travail sur la personne, qu'une formation, dont la finalité s'incarne dans un projet professionnel, et plus essentiel encore, dans l'établissement d'un plan d'actions, menant à : un emploi, une formation qualifiante, une création d'entreprise.
La force du collectif : échanges et remobilisation
L'une des particularités du dispositif Emergence est de se dérouler en groupe. « Ce sont des femmes, qui, pour x raisons, sont isolées, note Paula Figueroa-Savidan. Se retrouver avec douze autres femmes, leur permet de sortir de chez elle, de s'ouvrir, de se lier à d'autres, d'éprouver un regard neuf sur leur personne. Elles le disent : « ça fait du bien d'écouter les autres, ça redonne confiance en soi. » Le groupe est aussi un moteur qui apporte un rythme, un cadre, des échanges, un réseau. Ca se vérifie particulièrement lors des recherches de stage où elles s'échangent des informations, des contacts. » En parallèle, le groupe élabore un projet collectif : un jeu de piste sur le thème de l'égalité femme – homme, un outil de réflexion ludique, pour inviter le public à s'interroger sur cette question.
Ajuster son projet professionnel à ses envies
« Emergence, c'est l'opportunité de travailler sur soi et de trouver sa voie, en adéquation avec sa personne», poursuit Angèle Grézi. «La question qui prévaut :« qu'est-ce que j'aimerais faire vraiment ? » Les rencontres avec nos partenaires, les outils que nous mettons à disposition, les matinées d'initiation, les deux stages qu'elles effectuent en entreprise, aident à confirmer ou infirmer cette envie. » Les domaines d'activité investis par les stagiaires sont très variés : aménagement paysager, service à la personne, menuiserie, transport routier, assurances, enseignement, médiation sociale, bien-être... Ils répondent à une pluralité de profils d’âges, de parcours de vie, d’expériences professionnelles, de diplômes...
Rencontres avec 3 participantes Cenonnaises d’« Emergence » : Jennifer, Samira, Rajae…
En quoi Emergence vous a aidées à trouver votre voie professionnelle ?
Jennifer : "J'ai rejoint Emergence avec un projet de création d'entreprise, mais les stages effectués dans le cadre de l'accompagnement, m'ont permis de me découvrir dans un tout autre domaine. Tout est parti d'une matinée d'initiation au développement informatique (donnée au Pixel), avec Haut de Garonne Développement. Du codage pur et dur ! Je ne connaissais pas et ça m'a énormément plu. J'ai donc cherché un premier stage dans ce domaine, dans un centre de formation qui forme des développeurs web. Le second, effectué dans une agence de communication digitale a été décisif. A présent mon projet est de me former dans ce domaine. Cependant, je garde toujours en tête mon idée d'entreprise..."
Samira : "Algérienne, je vis en France depuis sept mois. J'ai un Master 2 en sciences économiques, option monnaie - banque - finances internationales. En Algérie, j'ai travaillé trois ans dans une société d'assurance. Pour mon premier stage, j'ai souhaité rejoindre le centre social et culturel La Colline, car le secteur de la petite enfance m'attirait également. Finalement, je me sens plus à l'aise avec les chiffres. J'ai donc suivi mon second stage dans le cabinet d'expertise comptable Fidaquitaine, à Cenon."
Rajae : "Maman, j'ai fait un break de cinq ans pour m'occuper de ma fille. Auparavant je travaillais dans l'animation. En entrant dans Emergence, j'avais plusieurs pistes, mais rien d'arrêté. J'ai fait mon premier stage à la Mairie annexe de Floirac. Ca s'est très bien passé, mais ce n'est pas vraiment pour moi. Pas assez diversifié... Le second stage, je l'ai fait au sein de Medianimation, à Lormont. J'ai beaucoup apprécié ce travail de médiation auprès des quartiers, voisinage, scolaires, commerçants. Ca a conforté mon envie ancienne d'exercer ce métier."
À présent, quel est votre plan d'action ?
Jennifer : "Pour Samira et moi, trouver une école qui propose une rentrée décalée. Dès janvier 2019 de préférence, afin de ne pas perdre de temps. Elle en compta, moi en communication digitale."
Rajae : "Pour ma part j’enchaîne avec une VAE (validation des acquis de l'expérience), afin d'obtenir un BAPAAT (Brevet d'aptitude professionnelle d'assistant animateur technicien). Par la suite, mon souhait est de trouver un emploi dans la médiation sociale."
Quel bilan tirez-vous de votre participation à Emergence ?
Rajae : "Toutes les trois avons trouvé notre voie. Pareil pour les autres filles. Nous savons toutes vers quelle direction aller."
Jennifer : "C'est la deuxième année que le CIDFF met en place cette formation et j'espère qu'elle va perdurer, car c'est très positif. On parle beaucoup du côté insertion professionnelle, mais ça nous apporte également beaucoup sur le plan personnel. Constamment dans l'action, dans la réflexion, on se pose beaucoup de questions sur nous-mêmes... Comparé au mois de septembre, j'ai l'impression de ne plus être la même. Assurance, confiance en soi… On se redécouvre en fait ! Emergence : j'ai eu la chance d'en être et je ne regrette rien !"
Paula Figueroa-Savidan et Angèle Grézil l'assurent : « Nous continuerons à accompagner Jennifer, Samira, Rajae de manière individuelle. A présent qu'elles ont leur plan d'action, le plus gros reste à faire, et nous serons présentes à leurs côtés, à chaque étape ! »
CIDDF : Centre d'information sur les droits des femmes et des familles
Cette association a pour objet l'égalité femme – homme, au travers de : l'accès aux droits (toute personne qui a une question d'ordre juridique peut venir au CIDFF, sachant que tous ses services sont gratuits et ouverts à tout public), l'insertion professionnelle, principalement des femmes, par l'emploi ou la création d'entreprise. Le CIDFF mène aussi des actions de promotion de l'égalité, lutte contre les discriminations, et accompagne les femmes victimes de violences.