De plein air, aux veaux, d'artisanat portugais… les marchés au fil des siècles

Quand La Bastide était cenonnaise… 

Avec quelques 5 000 habitants recensés à La Bastide, la nécessité d’y créer un marché pour ne plus être tributaire de la rive gauche, est exprimée par les élus de Cénon-La-Bastide dès 1839 ! 

Derrière l’église Sainte- Marie, se trouve un terrain privé appartenant à M. Le Tellier. Le traité municipal établi le 31 janvier 1841, stipule que M. Le Tellier établisse une halle d’accueil, en échange de quoi, il percevra les droits de plaçage durant 25 ans. Après coup, des différents éclatent au sein du Conseil Municipal, entraînant un procès opposant M. Le Tellier à la Ville pour non respect de l’accord. In fine, le marché ne verra jamais le jour ! 

logo Cénon-La Bastide
La procédure de 1857 sera la bonne. Le Préfet autorise la tenue d’un marché  « ouvert tous les jours de chaque semaine, d’une heure avant le jour, en toutes saisons, jusqu’à 11h du matin sur l’un des boulingrins* de la place Napoléon (place Stalingrad) pour la vente de fruits, fleurs, légumes… sur des bancs ou tentes mobiles de manière à déblayer la place et l’entretenir en bon état de propreté ». (extrait du Conseil Municipal du 9 décembre 1856)

*Parterre de gazon généralement entouré de bordures, de talus.

la place Napoléon

Un marché aux veaux naissants 

1er janvier1865 : sur promulgation de la loi du 18 mai 1864, la ville de Bordeaux annexe le quartier de La Bastide et ses 6000 habitants ! 

Pour connaître les détails de cette annexion, consultez la brochure d'information sur l'annexion (pdf 1.2Mo)

Proche du pont de Pierre, dans les écuries Savary, se tenait un marché aux veaux naissants, dont l’existence est désormais compromise. En effet, selon le règlement relatif à la police des marchés de Bordeaux, il ne peut y avoir qu’un seul marché au bétail en ville, en l’occurrence celui du cours Saint Jean !

Abattoir de 1905

En réponse, l’habitant M. Bacquié, propose en 1866, qu’un nouveau marché de ce type s’implante sur sa propriété (au lieu dit les Clapiers, actuelle avenue Maurice Rivière). Le préfet et 42 communes (sauf Bordeaux) approuvent. Seulement, et malgré son propre règlement de police, Bordeaux maintient le marché bastidien. Face à cette illégalité, et concurrence déloyale, Cenon l’assigne en justice. Débutée en 1868, la bataille sera longue, mais victorieuse. Et en 1877, Cenon renouvelle à M. Bacquié le fermage** du marché aux veaux, renommé marché du Petit Poissy.

** accord dans lequel le propriétaire cède l'usage de ce bien à un locataire (fermier) contre une redevance annuelle.

Un abattoir, avenue Jaurès - Carnot

En ce temps, les bouchers abattaient eux-mêmes les animaux dont ils commercialisaient la viande… Le nouveau siècle amène de nouvelles considérations hygiéniques.  

Dans le journal municipal de mai 2010 (Tempo n°11), l’habitant féru d’histoire locale Gilbert Perrez, écrit : « Le médecin Maire, Maurice Rivière, demande en 1901 au Conseil Général de la Gironde, l’autorisation de transformer le marché aux veaux naissants, en un marché aux bestiaux de toutes sortes doté d’un abattoir, et qui ne fonctionnerait que le deuxième lundi de chaque mois (…) La concurrence toujours plus importante des abattoirs de Bordeaux va amener sa fermeture en 1973, remplacé successivement par une station service, l’atelier de mécanique et le hall Mercédès, démoli à son tour en juillet 2011, pour laisser place au nouveau quartier de la gare de Cenon (projet de la ZAC Pont Rouge). »

destruction de l'abattoir avenue Jaurès

De Rabelais à Mitterrand

Au tournant des années 70, le visage de Cenon a bien changé. Décidée par arrêté du Ministère de l’Equipement en date du 30 juillet 1960, la Zone à Urbaniser en Priorité (ZUP) prévoit 17 100 logements sur les communes de Cenon, Floirac et Lormont.
Le 14 février 1973, le Conseil Municipal répond favorablement aux demandes des administrés, concernant l’ouverture d’un marché en plein air, dans le nouveau quartier Palmer. Conçue en 1967, la spacieuse place François Rabelais est choisie pour recevoir les marchands d’alimentation, d’habillement et autres accessoires.

marché place Rabelais dans les années 70

Hebdomadaire, le marché s’y déroule toujours le mercredi matin de 7h à 13h. Seul changement notable en 50 ans, le 17 janvier 1996, la place Rabelais prend le nom de François Mitterrand, neuf jours seulement après son décès. En 2019, la place est entièrement rénovée, et connaît une inauguration le 22 juin 2019, lors de la troisième édition de "Fêtons Cenon".

Notons que dans les années 90 – 2000, il était également possible de faire ses provisions sur des petits marchés place Marcel Sembat, sous la halle de La Marègue ou dans la cour du centre commercial Palmer. L’absence d’archives, empêche de vous en retracer leur histoire.

Marché portugais d’artisanat d’art et de gastronomie

Rendez-vous annuel créé sur une idée de l'association Alegria portugaise de Gironde et de son président José Rodrigues, son lancement en 2009, fait suite au jumelage de la commune avec Paredes de Coura (en 2008), et anticipe la coopération économique et culturelle passée en 2012 avec Arcos de Valdevez, d'où de nombreux Cenonnais sont originaires.

Débuté modestement avec une douzaine de stands, le Marché portugais d’artisanat d’art et de gastronomie s’est renforcé au fil des éditions. Il accueille désormais plus de cinquante exposants, venus d’une vingtaine de villes du Portugal.
Fromages, charcuteries, pâtisseries, huiles d’olive, vins, mais aussi porcelaine, linge de maison, marbre et granite, etc. : c’est tout le savoir-faire portugais qui s’expose durant un week-end festif, où concerts, folklore, danse et chants traditionnels, séduisent des dizaines de milliers de visiteurs. 

Faites défiler les photos à l'aide des flèches ou cliquez sur l'image pour visualiser l'album en grand 

Marché Portugais