« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »*
*La célèbre phrase d’Antoine Lavoisier, chimiste, philosophe et économiste française du XVIIIème siècle, était déjà un hommage au philosophe présocratique grec Anaxagore. Cette maxime résonne fortement aujourd’hui. Elle résume les projets d’anti-gaspillage, d’économie circulaire et de réduction des déchets, menés par de nombreuses communes en transition dont Cenon.
« Au coeur de la transition écologique, les jardins partagés et les parcelles d'agriculture urbaine portent de nombreux enjeux : l’accès à des fruits et légumes sains, produits localement, la reconquête d’espaces naturels en espaces alimentaires, la responsabilisation de chacun face à sa propre alimentation, la lutte contre le gaspillage et la valorisation des biodéchets**, la transmission des savoir-faire, la création de liens sociaux, l’émergence de dynamiques citoyennes… » expose Laurent Péradon, Adjoint au Maire, délégué à la transition écologique et aux mobilités.
**Le terme de biodéchet est défini depuis 2011 dans le Code de l’environnement (article R. 541-8) comme : « tout déchet non dangereux biodégradable de jardin ou de parc, tout déchet non dangereux alimentaire ou de cuisine issu notamment des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que tout déchet comparable provenant des établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires. »
En France, selon l’ADEME, 18 millions de tonnes de biodéchets sont produits tous les ans par les ménages. Peu triés, ils représentent 30 % de nos bacs d’ordures ménagères résiduelles.
Depuis longtemps, des associations jardinent la ville…
Les « Jardinots », le long de la voie ferrée dès les années 60, le jardin métissé de la Régie de quartier dans les années 90, le jardin partagé – les 1001 feuilles- créé, en 2010, au cœur d’un quartier en renouvellement urbain… Malgré sa forte densité urbaine, Cenon a toujours su préserver des espaces fertiles, propices au jardinage et au partage. Une tradition entretenue et régénérée par des associations comme Les Jardiniers de France, Place aux jardins et Germaine Veille qui enseignent et essaiment l’art de cultiver en ville des jardins au naturel.
Aujourd’hui, Cenon est riche de :
- 18 jardins partagés : jardins de quartiers ou de résidences (Henri Sellier, Beausite, Mendès-France), jardins pédagogiques dans des écoles et collège, jardins thérapeutiques dans des foyers de vie pour enfants et adultes handicapé•e•s, jardins sociaux du CCAS …
- 1 projet de jardin collectif mixant agriculture urbaine, pédagogie et composterie, porté par l’association Germaine Veille, en cours de co-création dans le quartier de la Marègue.
Petit florilège non exhaustif des jardins partagés et pédagogiques cenonnais : faites défiler les photos à l'aide des flèches ou cliquez sur l'image pour visualiser l'album en grand
Depuis 3 ans, l’association Germaine Veille forme de nombreux citadin•e•s aux pratiques du compostage et du jardinage naturel « zéro déchet », en permaculture.
« Avec différents publics, nous créons et entretenons des jardins où adultes et enfants expérimentent différentes façons de renforcer la biodiversité en ville, la transformation des biodéchets, la production de nourriture saine et de qualité en toute convivialité » résume Nathalie Schwab jardinière, créatrice de Germaine Veille.
L’agriculture urbaine et l’alimentaire au cœur de l’action des villes en transition
Membre du groupement d’intérêt public du Grand Projet des villes (GPV) Rive Droite, la ville participe au Projet Alimentaire Territorial (PAT) englobant l’ensemble du cycle de vie des aliments : la production, la transformation, la consommation, la valorisation des déchets.
La conserverie artisanale de la future Food Factory (Vieille Cure) aura vocation à cuisiner les excédents de la production légumière de la rive droite ! Une ressource supplémentaire au service d’un approvisionnement local de qualité…
Benjamin Chambelland, chercheur du CNRS, associé au GPV, coordonne le Projet Alimentaire de Territoire Rive Droite :
« La transition écologique doit profiter à tout le monde et surtout aux plus vulnérables. La restauration collective publique a donc été retenue comme premier levier de transition alimentaire sur la Rive Droite. Car chaque jour, près de 6 000 repas sont préparés par les cuisines centrales à destination d’élèves, de personnes à mobilité réduite et de seniors.
Notre démarche de Projet Alimentaire de Territoire veut :
- Favoriser l’approvisionnement local dans la restauration collective publique,
- Développer la production locale,
- Faire de l’alimentation un levier d’insertion, de formation et d’entrepreneuriat,
- Sensibiliser et former à l’alimentation saine et respectueuse de l’environnement. »
Le Projet Alimentaire de Territoire (PAT) Rive Droite se co-construit avec plusieurs partenaires:
- Le réseau Cantines Durables – Territoires engagés : créé par la ville de Mouans-Sartoux - Pionnière en matière de transition alimentaire, écologique et sociale. Ce réseau soutenu par l’Etat et l’ADEME essaime ses méthodes dans toute la France.
- Le programme « Quartiers Fertiles » dont le soutien financier et technique va permettre d’accélérer les projets de transition alimentaire et de mise en culture dans des quartiers prioritaires, en renouvellement urbain.
- Le programme de recherche-action « QualipSO : « une alimentation de qualité dans la restauration collective publique » mené par Benjamin Chambelland.
PAT : Issus de la Loi d'avenir pour l'agriculture qui encourage leur développement depuis 2014, les projets alimentaires de territoire ont pour objectif de relocaliser l'agriculture et l'alimentation dans les territoires, en soutenant l'installation d'agriculteurs, les circuits courts ou les produits locaux dans les cantines.
Pour suivre l’avancée du PAT Rive Droite, rendez-vous sur le blog du GPV
A l’échelle de l’agglomération, Cenon participe au Conseil consultatif de gouvernance alimentaire durable (CCGAD) de Bordeaux métropole. Cette instance travaille à l’élaboration d’un système alimentaire territorial durable. Le PAT Rive Droite s’intègre dans les contrats de co-développement signés entre les communes et Bordeaux métropole. A visionner sans modération : « Autour de nous » : une web-série consacrée aux agriculteurs locaux.
Valorisation des biodéchets de la restauration collective et agriculture urbaine : une circularité fertile
Le Projet Alimentaire du Territoire Rive Droite expérimente des micro-plateformes de compostage, financées à 50% par l’ADEME. Elles reçoivent les tontes des espaces verts et les biodéchets* d’écoles pratiquant le tri des restes de cantines, qui, compostés, enrichiront la production locale de légumes.
Ainsi les élèves des écoles de la Rive Droite pourront observer les cycles de la nature, la culture des légumes « du sol à l’assiette » et la fertilisation des sols « de l’assiette au sol » via le compostage.
Cette expérimentation préfigure l’obligation faite aux producteurs de plus de 5 tonnes annuelles de biodéchets de les trier et de les valoriser dès le 1er janvier 2023.
En 2024, la collecte séparée des biodéchets deviendra obligatoire pour tous, quel que soit le volume produit : loi AGEC 10/02/2020 (Anti gaspillage pour l’Economie Circulaire)
Il est grand temps de s’inscrire aux formations de compostage proposées par Bordeaux métropole !
Les services municipaux s'engagent eux aussi à réduire leurs déchets
Léa Rainier, conseillère municipale, référente pour la démarche de transition alimentaire, le clame : « La transition écologique c’est maintenant et avec tout le monde ! En tant que conseillère municipale, je tiens à ce que les élu•e•s et les agent•e•s des services publics communaux s’impliquent fortement dans ces changements nécessaires. C’est pourquoi, nous avons lancé deux actions au sein des services :
- un audit des pratiques et usages des services afin d’établir un état des lieux pour pouvoir ensuite mesurer les améliorations : réduction de toutes les consommations, anti-gaspillage, réutilisations, recyclage… Certains services trient déjà leurs papiers, gobelets, bouteilles en plastique et canettes alu via une prestation avec l’entreprise d’insertion Elise. Mais la marge d’amélioration reste importante : Réduire les consommations de papier, de fournitures de bureau, d’eau, d’énergie (électricité, chauffage, climatisation), réduire le gaspillage alimentaire, trier ses biodéchets pour pouvoir les valoriser, abandonner le jetable, passer au réutilisable (gobelets, contenants et couverts des repas pris sur place), privilégier des produits locaux, opter pour les modes de déplacements les moins polluants….
- la participation de deux services municipaux au défi Zéro déchets des pros. Pendant 6 mois, accompagné d’un coach Zéro Déchet, éco-gestes et consommation responsable doivent aboutir à réduire d’au moins 10% sa production de déchets de fonctionnement et de repas pris sur place. Les services Communication et Pôle Proximité, démocratie locale et citoyenneté ont relevé le défi ! »