Le 28 décembre 1895, les frères Lumière donnent la première séance publique payante de l'histoire du cinéma, avec « La sortie des usines Lumière à Lyon » !
C’est en 1910 qu’arrivent les premières images animées à Cenon, au quartier Pichot (aujourd’hui les rues Foch, Joffre, Arago, Brunereau, Damas), grâce au cinéma forain des projectionnistes itinérants. La première salle obscure à apparaître en ville est la salle Carnot, sur l’avenue du même nom (en activité de 1912 à 1932).
Années 20 – années 50 : des salles au succès varié...
En 1921, ouvre l’éphémère Le Family, rebaptisé Ciné-Monrepos-Olympique en 1930, avant de fermer huit ans plus tard. Le Comédia connait une destinée similaire. Ce théâtre-concert situé au 11 avenue Georges Clémenceau (l’actuelle avenue Jean Jaurès) est transformé en cinéma en 1922. Léon Goupy exploitera l’enseigne jusqu’en 1938.
Rue du Maréchal Foch, s’implante en 1936 le Cinéma des Cavailles. A la sortie de la guerre, il prend le nom de « Le Rex » et reste en activité jusqu’en 1967.
En 1945 toujours, le restaurant (et Hôtel des 4 pavillons) Le Rancho, diversifie son activité avec une salle de cinéma. Si nous n’en connaissons pas sa durée d’exploitation, le restaurant pour sa part, ferme en 1970.
Au vu de sa longévité, le bien nommé Ciné-Star !
Equipement municipal, son histoire débute en 1913, année où la ville acquiert la propriété Guithon (actuel Hôtel de ville), négociant en vin. A côté de la chartreuse, se tient un immense chai que la municipalité décide de transformer en salle des fêtes avec salles de réunion, salle de cinéma et bains douches !
Le foyer familial municipal ouvre en 1936 dans un style art déco. Tout comme Le Comédia, la salle de cinéma est gérée par Léon Goupy. Ce n’est qu’en 1945 qu’il prend le nom de Ciné-Star, jusqu’à sa fermeture en 1973.
Dans les années 1980, la bâtisse est transformée en lieu de représentations où les spectacles de chant, danse, théâtre et conférences se succèdent. Plus de films sur grand écran, mais comme un clin d’œil au passé, la salle est baptisée du nom de Simone Signoret…
En 2010, l’édifice est démoli pour laisser place à une résidence et des commerces. Six ans plus tard, renait un nouvel Espace Simone Signoret, à quelques mètres de son implantation originelle.
Le temps venu des professionnels de l’image
Au tournant des années 90, le basculement de la vidéo analogique à la vidéo numérique (cameras, magnétoscopes, bancs de montage) est une révolution qui va rendre les techniques de l’image plus accessibles. De nombreux professionnels se forment.
En 1998, à l’invitation de la ville de Cenon, l’association Périphéries Productions (créée quatre ans auparavant) s’installe au Centre culturel Château Palmer où elle dispose toujours d’unités de tournage et de montage HD.
Productrice de films documentaires, Périphéries répond à des demandes de : captation de spectacle, réalisation de teaser, film d’animation, film institutionnel ou d’entreprise… Elle met également en place des formations aux pratiques audio-visuelles, ainsi que des ateliers de réalisation fiction ou documentaire, ouverts à des non-professionnels, dont l’emblématique « 6 trouilles d’Halloween » pour les publics jeunes…
Présentation du festival 6 trouilles
En 2004, dans le cadre de ses actions d’éducation à l’image, la Ville de Libourne, en partenariat avec l’association Périphéries Productions, imagine et crée ce festival.
La participation à cet événement s’effectue en répondant à un appel à films destiné à tous, notamment aux structures d’animation accueillant un public jeune. Les films réalisés s’inscrivent dans le cadre d'ateliers d’éducation à l’image, accompagnés par des professionnels, qui permettent à des jeunes, par la pratique du cinéma, de comprendre le langage de l’image, de développer leur sens critique du regard, de découvrir les métiers de l’audiovisuel et de la comédie, de s’engager et de participer à un projet collectif.
La principale contrainte est de réaliser des films de genre (horreur, policier, science-fiction…) pour s’amuser à se faire peur. Le Festival se déroule sur une journée, au Cinéma Grand Ecran de Libourne, partenaire de la manifestation. Les films sélectionnés sont d’abord projetés le matin devant un jury de professionnels puis l’après-midi au grand public.
En clôture, le jury, présidé par une personnalité (Rufus, Claude Villers, Bernard Blancan, Jean-Pierre Denis, Claire Nebout, Vincent Desagnat, Michel Piccoli, Eric Blanc, Julie Gayet, Anne Bertrand, Benoit Labourdette, Arnaud Lalanne …) remet les prix aux participants dont la Citrouille d’or.
Enfant de Cenon, Zangro crée le collectif « En attendant demain » suite aux émeutes de 2005. Le collectif dévoile les réalités des quartiers sous la forme de la comédie. En résultent 18 courts-métrages, un téléfilm pour Canal +, et la websérie « À part ça tout va bien », qui cumule 35 millions de vues et apporte une reconnaissance à l'international.
En 2011, désireux de voler de ses propres ailes, Zangro fonde Bien ou Bien Productions. Téléfilms, longs et courts-métrages, glanent plus de 150 prix internationaux. « Maman(s) » de Maïmouna Doucouré (future réalisatrice de « Mignonnes ») entre dans l'histoire du cinéma français en étant le seul film, toute catégorie confondue, à avoir cumulé les prix du meilleur film international au Festival de Sundance, de Toronto et le César 2017 du court-métrage.
Cenon : décor de cinéma !
Nous l’évoquions dans Tempo 50 : entre 2001 et 2007, la chartreuse du Loret a abrité le tournage de la série internationale « Urban Myth Chillers » et accueilli l’association de formation aux métiers techniques et administratifs, Profession Spectacle.
En février 2007, les tours du Grand Pavois (rue du 8 mai 1945) servent de décor au nouveau projet du cinéaste franco-tchadien Haroun Mahamat Saleh à qui l'on doit «Bye Bye Africa», «Daratt» prix spécial du jury à la Mostra de Venise.
Comédie désopilante sur les pérégrinations d’une famille africaine, « Sexe Gombo et beurre salé » révèle la jeune Aïssa Maïga (« Bamako », « Il a déjà tes yeux »), embauche plusieurs figurants cenonnais et immortalise le Grand Pavois avant sa destruction prévue par le Projet Urbain de l’époque. Revoir « Sexe Gombo et beurre salé » en 2025 à l’Utopia de Cenon, serait un bien joli passage de témoin temporel…
Pour aller plus loin :
Bordeaux dans le rétro : zoom sur les anciens cinémas de quartier
Périphéries Productions – Créations vidéo & expressions citoyennes (periph-prod.com)