« Les insectes sont responsables de la pollinisation de près de 90 % des plantes sauvages et des 3/4 de notre alimentation. Indispensables à la survie des écosystèmes, les insectes pollinisateurs sont gravement menacés. » (Préambule aux Assises nationales des pollinisateurs 2019).
Agir à son échelle
Ce constat, Cécile Etchepare en a conscience et entend bien agir à son échelle ! « Je suis très inquiète sur l’avenir et les défis environnementaux à relever. En tant qu’enseignante, j’ai la mauvaise impression qu’on est dans l’incapacité d’apporter les bonnes clés aux générations futures. On les instruit, mais on ne leur inculque pas les gestes qui pourront les aider à s’en sortir », confie-t-elle. De là née l’idée du « Potazay » : un jardin pour apprendre comment jardiner, avec peu de moyens, et du matériel recyclé. Fonctionnant tel un club, les élèves volontaires s’y rendent deux fois par semaine, entre midi et deux.
Les abeilles symboles d’un environnement à protéger
C’est ce même souci de sensibilisation / transmission qui nourrit le projet « rucher ». « Les abeilles sont les alarmes annonciatrices des changements climatiques », poursuit Mme Etchepare. « Elles sont en danger, mais nous avons la possibilité de les protéger et de les sauvegarder. Notamment en leur offrant un environnement respecté et respectueux ! » L’intention était là, restait à trouver le bon partenaire apicole !
Producteur et pédagogue, Guy de Saint Albin de l’association « Abeilles et partages », a senti : « une implication forte et sincère du collège. Mais avant même de penser à un projet pédagogique, il fallait évaluer la possibilité d’une installation de ruches dans l’établissement, et trouver le meilleur emplacement. L’évidence aurait voulu que l’on choisisse le Potazay. Mais ce n’est pas un endroit suffisamment tranquille pour les abeilles, et insuffisamment sécurisé pour les élèves. Derrière le gymnase, ce petit coin arboré s’avérait idéal. »
Une heure de sensibilisation pour chaque élève de sixième
Pensé et écrit à quatre mains par le duo Etchepare – de Saint Albin, le projet porte sur quatre ans, soit le cycle d’un collégien. Initiative inédite dans un établissement du public, il est financièrement soutenu par Bordeaux Métropole, la Ville de Cenon, le Conseil Départemental.
« Chaque sixième reçoit une heure de sensibilisation durant le temps scolaire », explique le duo. « Les abeilles sont « prétexte » à parler « environnement » au sens large : pollinisation, cycle de la chaîne alimentaire, organisation sociale de la ruche, importance de chacun, humain.es y compris ! » Un autre type d’enseignement à tirer. Car s’approcher des abeilles, c’est faire montre de calme, d’observation, de curiosité, c’est dépasser ses appréhensions… Des comportements qu’il est souhaitable de reconduire en classe et dans la cour de récréation.
« En parallèle, nous formons des adultes (professeurs, agents de service, parents d’élèves, agents municipaux). Ces adultes sont appelés à composer un groupe d’experts qui, accompagnés d’anciens sixièmes passés en cinquième, encadreront les nouveaux arrivants. Au bout des quatre ans, nous atteindrons l’autonomie. »
Ruches et nichoirs en construction, avec la LPO et Tous aux abris !
Le premier pas de cette autogestion passe par un atelier « bricolage ». « La ruche apportée par Guy l’an passée, a été divisée en deux, peuplées désormais par 20 000 abeilles chacune… Il est prévu qu’il les récupère », annonce Mme Etchepare. « Une partie du programme de cette année tient donc dans la construction de ruches, propriétés du collège. Une conçue avec des matériaux de récupération, l’autre en châtaigner : un bois solide, qui est épargné par les insectes et les acariens, notamment le varroa, parasite mortel pour les abeilles…. »
Au bricolage, s’ajoute l’assemblage de nichoirs reçus en kit…Toujours plus ancré dans la protection de la biodiversité, l’établissement devient refuge LPO (ligue pour la protection des oiseaux). A l’appel du GPV et de l’association Tous aux abris !, il s’est également engagé à installer trois nichoirs à chauves-souris.
Participer au maintien des chauves-souris dans nos villes et forêts
« Pour le plan de gestion du Parc des coteaux, des experts forestiers, pédologues, sociologues, naturalistes, etc. ont analysé les parcs des quatre villes du GIP - GPV », explique Julien Briton, responsable des espaces verts de Cenon. « Ils ont révélé, entre autre, la présence d’une faune nocturne, dont des chauves-souris. Or nos habitats urbains ne sont pas adaptés à leur mode de vie : absence d’avant-toits où s’accrocher par exemple. Ces nichoirs sont des alternatives, des abris où se reposer et se reproduire. »
Le GIP - GPV en a commandé 400 (100 par ville membre). A Cenon, la distribution auprès des habitants (70 exemplaires) s’est déroulée lors de la Fête du Cypressat « Du vin au vert », les trente autres étant destinés à la Ville et ses partenaires.
«Tous aux abris est dans un processus de sciences participatives », reprend Julien Briton. « Les nichoirs sont numérotés et géolocalisés. Les bénéficiaires ont signé une convention les obligeant à respecter un protocole d’installation strict et à observer l’occupation des lieux. Autant d’informations collectées, utiles à la protection des chauves-souris. ».
L’association Tous aux abris! l’affirme : « Une chauve-souris peut manger 3000 moustiques en une nuit, une colonie d’abeilles peut polliniser 5 millions de fleurs par jour. » Une des nombreuses leçons que le collège Jean Zay souhaite inculquer à ses élèves.
Pour aller + loin
https://tousauxabris.org/qui-sommes-nous