Accompagner vers l’insertion sociale
Si l'AJHaG n'a pas toujours porté ce nom - L'AJAL, association jeunesse action lormontaise, née en 1968 - l’association de prévention spécialisée place au cœur de son action, depuis sa création, les valeurs de l’éducation populaire en persistant dans sa démarche « d'aller vers » les jeunes et leurs familles à travers la pratique dite du travail de rue. A l’occasion de son 50ème anniversaire, son directeur, Mohamed Boulahoual revient sur les origines et les fondamentaux de l'association :
« Au milieu du XXème siècle, de nombreux jeunes de la Rive Droite ne trouvaient pas de réponses auprès des institutions existantes, pour du soutien scolaire, de la recherche d'emploi, de loisirs, d’accès à la culture, etc. L'AJAL est née avec l'objectif d'apporter une réponse éducative, qualifiée alors « d'alternative » : aller vers les jeunes, échanger avec eux, afin de les amener vers des activités propices à leur insertion sociale. »
Au tournant des années 90, l'AJAL devient l'AJHaG, son action s'ouvrant alors aux villes de Cenon et de Floirac.
Une présence continue dans les quartiers, un réseau d’accompagnement pour les 11 – 25 ans
« Notre mission consiste à repérer les jeunes en rupture, à les rencontrer, à créer avec eux une relation de confiance sur laquelle nous allons prendre appui pour les mobiliser en vue d’une inclusion sociale et sociétale. Notre tentons de les rendre acteurs dans leurs parcours d’inscription dans les dispositifs d'insertion existants. » Un accompagnement éducatif et social, destiné aux 11 – 25 ans, sur le principe de la libre adhésion et de l'anonymat.
« Cette prévention spécialisée n’est efficace qu’avec l'implication des parents, considérés comme des partenaires et grâce à des organismes et un tissu associatif, forts et réactifs : Mairie de Cenon, MDSI, centre social et culturel La Colline, INSUP, et bien d'autres… Autant d’acteurs qui interviennent chacun dans leur domaine de compétences : insertion, santé, formation, logement, etc.. Sans eux, nous ne pourrions pas apporter une réponse qui soit à la fois globale et efficiente »
Agir à la demande, maintenir le lien avec les habitants
En 2018, l'AJHaG c'est un peu moins de trente salariés dont 19 éducateurs et éducatrices répartis en trois équipes territorialisées. Dont six à Cenon, soit trois binômes mixtes rattachés aux secteurs Palmer, Saraillère – Marègue, Bas Cenon – Beausite. Bien identifiées, leur présence continue et régulière aide à installer la confiance nécessaire à la lutte contre les processus de d’exclusion et de marginalisation des jeunes.
L'AJHaG agit aussi en réponse à des demandes ponctuelles : accompagner un élève et ses parents à un rendez-vous avec les responsables du collège, du lycée, aider un jeune adulte à trouver un logement, rendre des visites en prison, etc. « Les textes de la charte départementale de la prévention spécialisée disent clairement que notre mission doit s'exercer en direction des jeunes et de leur famille », insiste Mohamed Boulahoual. « Par conséquent, l'éducateur doit se rendre disponible à tous pour échanger, se tenir au courant de la vie de quartier, maintenir le lien avec les habitants. C'est le cœur du métier.»
Participer aux Fêtes de quartiers & Fêter les 50 ans
L'AJHaG s’implique fortement dans des actions menées en collectif, participant au développement local, contribuant à l'amélioration du vivre ensemble comme les séjours vacances, les chantiers éducatifs, les sorties culturelles, etc. « Nous avons développé un partenariat très fort avec la Mairie et plus particulièrement son service Gestion Urbaine de Proximité et l’équipe chargée d’animer le CLSPD (Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance)», se réjouit Mohamed Boulahoual.
« Nous étions partie-prenante de l'organisation des nouvelles Fêtes de quartiers : La Guinguette des voisins de Testaud en juin, celles de la Saraillère et de la Marègue l’été dernier et Fêtons Palmer au début de l’automne. Des moments forts qui incitent les familles à sortir, à se rencontrer, à s’informer, à partager…
Nous avons confié aux jeunes la tenue d'un stand de barbe-à-papa. Responsables, investis, les regards portés sur eux s’adoucissent. La relation aux autres s’enrichit. Dans ces fêtes de quartiers, nous rencontrons des familles que nous croisons rarement. Nous engageons un dialogue. Ces rendez-vous populaires sont précieux… Ils suscitent échanges et partage. Il en faut plus ! ».
Pour ses 50 ans de prévention spécialisée, en octobre dernier, L'AJHaG invitait jeunes, familles et partenaires au complexe Brassens – Camus, à Lormont. Buffet musical, apéro tropical et DJ, la journée mixait rétrospective, expo photos, projection d'un film réalisé par Périphérie Productions, discours d'élus, paroles de sociologue et de psychologue… Et Théâtre Forum avec la Cite's compagnie : coaché.e.s par Loubna Edno, des jeunes et des éducs. ont interprété des scènes emblématiques de galères quotidiennes et invité le public à proposer des solutions… Une après-midi bien remplie pour bousculer les préjugés et booster les énergies.
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« …L’AJHaG a beaucoup donné à mes enfants et à ma famille … »
Témoignages de Milouda Halloul (la mère) et Hindina Nouiri (la fille), habitante de la Rive Droite, pour qui le soutien de l’AJHaG a été précieux.
Hindina : « J'ai fréquenté l'AJHaG dès l'âge de 8 ans. J'en ai 37 aujourd'hui. A l'époque c'est ma mère qui m'y avait envoyée, car j'avais un début de parcours un peu chaotique niveau scolarité et fréquentations. Les éducateurs, en particulier Virginia, m'ont aidée à me recadrer et m'ont poussée au maximum de mes capacités. Si je suis devenue agent en milieu hospitalier, c'est en grande partie grâce à eux ».
Milouda : « Du fait de notre travail, mon mari et moi, étions absents de la maison. Pour les devoirs des enfants, nous n'avions pas le niveau. Nous étions rassurés de savoir que nos enfants ne traînaient pas dans la rue. Les éducatrices Virginia, Danielle, nous tenaient au courant. C'est très bien ça de parler aux parents ! Mais l'AJHaG a fait beaucoup d'autres choses. Elle a été présente pour des mères ne sachant ni lire ni écrire. Les a aidées dans les démarches administratives. Nous, femmes d'origine étrangère, elle nous a poussées à sortir, à ne pas rester enfermées chez nous, isolées dans notre coin. Moi-même avec mes enfants, j'ai participé à des sorties familles. L'AJHaG a beaucoup donné à mes enfants et à ma famille. C'est normal d'être là aujourd'hui pour l'honorer. »
« … ll faudrait davantage d'associations dans les quartiers pour encadrer nos jeunes… »
Hindina : « C'est un plaisir d'être là, de revoir nos éducateurs et éducatrices, de pouvoir les remercier. L'AJHaG m'a aussi aidée à me construire sur le plan personnel. J'y ai appris des notions comme la solidarité, l'engagement. J'y ai rencontré pas mal de gens. On m'a aidé, et ça m'a donné le goût d'aider les autres, notamment au sein d'une association qui vient en aide aux personnes n'ayant pas les moyens de faire des travaux dans leur domicile. Aujourd'hui, j'ai amené ma fille avec moi. Elle n'a besoin de l'aide de l'AJHaG, étant moi-même très derrière elle au quotidien, mais je voulais qu'elle voie, qu'elle comprenne ce travail. J'entends par les infos et le bouche à oreille, que les enfants sont de plus en plus livrés à eux-mêmes. Je pense que la réponse est là, qu'il faudrait davantage d'associations dans les quartiers pour encadrer nos jeunes. Car c'est constructif ».
AJHAG Siège : +33 5 56 06 28 25
AJHAG Cenon : +33 5 56 06 28 25