Cenon est une ville riche de sa diversité. C’est aussi une ville de mémoire où associations, élu.e.s, services municipaux, partenaires institutionnels, cultuels et particuliers… ont à cœur d’entretenir ensemble la mémoire d’une histoire commune. Dimanche 29 avril, lors de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation, hommage fut rendu à des Cenonnais déportés le 12 janvier 1944 dont trois membres de la famille Biel de Bellerade.
« La Mémoire nous renforce, le pardon nous honore ». En ce dimanche 29 avril, nous sommes réunis pour cette journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation. Nous nous trouvons devant ce lieu de Mémoire qu’est la stèle de la déportation de Cenon. Elle honore la mémoire de toutes les victimes de la plus grande abomination de toute l’Histoire de l’Humanité. Le père de la déclaration des Droits de l’Homme, René Cassin, avait dit : « La méconnaissance et le mépris des droits de l’Homme conduisent à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’Humanité. » Par cet acte de Mémoire, nous évoquons les souffrances et le calvaire subit par les déportés en camps de concentration et d’extermination. Nous rendons également hommage au courage de celles et ceux qui en furent victimes. Lorsque l’on évoque le bilan de la déportation en chiffres, on en vient peut-être à oublier l’essentiel : Ce sont des individus qui ont été stigmatisés, parqués, raflés, affamés, torturés, assassinés. Des vies supprimées au nom d’une idéologie obscurantiste et infâme prônant la supériorité d’un peuple sur tous les autres. Cette barbarie, André Malraux la décrivit en ces mots : « La vraie barbarie, c’est Dachau ; la vraie civilisation, c’est d’abord la part de l’Homme que les camps ont voulu détruire. » [caption id="attachment_9285" align="alignright" width="350"] Rassemblé.é.s pour rendre hommage aux déporté.e.s de Cenon
Les témoins de ce sombre épisode disparaissent au fil du temps ; le travail de Mémoire aujourd’hui est de trouver les mots justes, ces Lieux de Mémoire comme le désignait Pierre Nora, universitaire français. Cela va au-delà des dates et des lieux, ce sont des témoignages, des œuvres littéraires et cinématographiques, ce sont également des travaux de recherche universitaires qui aident à voir d’un œil actuel le prisme du passé. Par le travail de recherche réalisé par Madame Carole Lémée, enseignante chercheure au sein de l’Université Bordeaux Montaigne, nous redécouvrons que l’horreur a touché le quotidien de toutes les villes de France, y compris la nôtre. Je remercie Marie Hattrait, Adjointe au Maire qui a travaillé avec Madame Lemée pour préparer cet hommage. Des Cenonnais ont été raflés, puis déportés. Plusieurs n’en sont pas revenus et ont péri dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Aujourd’hui, nous honorons la mémoire de certains d’entre –eux en apposant leur nom sur cette stèle. Nous sommes honorés par la présence de leurs proches qui acceptent ce chemin collectif qu’est celui du travail de Mémoire. Ils se nommaient : Hannah BIAL DE BELLERADE, Eugène BIAL DE BELLERADE, Charles BIAL DE BELLERADE, Maklouf MAMAR, Esther MARTY Si nous commémorons la tragédie, nous commémorons aussi l’espoir, le courage, les forces de la vie qui ont fini par triompher du totalitarisme hitlérien. La dignité dont certains ont fait preuve mérite notre reconnaissance éternelle. La déportation et la Shoah nous interpelle tous. Elle nous rappelle que sans les valeurs humanistes de la République et de la démocratie, comme l’a pu être l’appareil de l’Etat français de Vichy, les portes du racisme, de l’intolérance, de la xénophobie, de l’antisémitisme et du négationnisme sont ouvertes. Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, instruits par l’Histoire, la Mémoire nous rassemble pour renouveler solennellement nos engagements à défendre toutes ces valeurs qui constituent notre bien commun, notre héritage. Que ce chemin de justice éclaire les recoins sombres de notre avenir afin que nous ne nous condamnions pas à revivre ces épisodes. Soyons conscients que lorsque la République est à terre, la laïcité est bafouée ! « Plus jamais ça » ! Plus jamais un triangle de couleur, une étoile jaune pour stigmatiser, rejeter, déporter et éliminer. Pour que vive la Paix ! Vive la République et vive la France ! [gallery order="DESC" link="file" columns="2" size="full" ids="https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-8.jpg|,https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-25.jpg|"]
Concernant Maklouf MAMAR, je ne dispose d’aucune information autre que celles figurant sur la fiche qu’il avait remplie lors du recensement à la Préfecture. Il n’était pas marié, il n’avait pas d’enfant. Il était né en Algérie. Et aucune autre personne dans le fichier juif de la Gironde ne semble lui avoir été apparentée… Il était manœuvre et il est probable qu’il est arrivé à Bordeaux dans les mêmes conditions que les autres déportés originaires d’Algérie. Il était né en 1893 et habitait cité Grédy. » Nous n’avons pas trouvé d’information précise sur Esther Amélia BOES, épouse MARTY, née le 11 août 1872 à Bordeaux. Assassinée le 25 mai 1944 à Auschwitz. Le cinquième nom gravé cette année sur la stèle de la déportation de Cenon. [gallery link="file" columns="2" size="full" ids="https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-42.jpg|Le Choeur des hommes chante,https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-40.jpg|"Le chant des marais""] Après la montée des couleurs, l’offrande des fleurs, les discours, le recueillement, un chœur d’homme entonna le chant funèbre et poignant « Le Chant des Marais » ou "chant des déportés", composé en 1933 par des prisonniers du camp de concentration allemand de Börgermoor.
Marine Audinette, jeune étudiante Cenonnaise, passionnée d’histoire, participant aux cérémonies commémoratives de la ville depuis l’âge de 12 ans, y lut le message des associations de Déportés.
Devant la stèle de la Déportation.
Discours de Jean François Egron, Maire de Cenon [caption id="attachment_9288" align="aligncenter" width="620"] Jean François Egron, Maire de Cenon lors de la cérémonie d'hommage aux déporté.e.s« La Mémoire nous renforce, le pardon nous honore ». En ce dimanche 29 avril, nous sommes réunis pour cette journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation. Nous nous trouvons devant ce lieu de Mémoire qu’est la stèle de la déportation de Cenon. Elle honore la mémoire de toutes les victimes de la plus grande abomination de toute l’Histoire de l’Humanité. Le père de la déclaration des Droits de l’Homme, René Cassin, avait dit : « La méconnaissance et le mépris des droits de l’Homme conduisent à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’Humanité. » Par cet acte de Mémoire, nous évoquons les souffrances et le calvaire subit par les déportés en camps de concentration et d’extermination. Nous rendons également hommage au courage de celles et ceux qui en furent victimes. Lorsque l’on évoque le bilan de la déportation en chiffres, on en vient peut-être à oublier l’essentiel : Ce sont des individus qui ont été stigmatisés, parqués, raflés, affamés, torturés, assassinés. Des vies supprimées au nom d’une idéologie obscurantiste et infâme prônant la supériorité d’un peuple sur tous les autres. Cette barbarie, André Malraux la décrivit en ces mots : « La vraie barbarie, c’est Dachau ; la vraie civilisation, c’est d’abord la part de l’Homme que les camps ont voulu détruire. » [caption id="attachment_9285" align="alignright" width="350"] Rassemblé.é.s pour rendre hommage aux déporté.e.s de Cenon
Les témoins de ce sombre épisode disparaissent au fil du temps ; le travail de Mémoire aujourd’hui est de trouver les mots justes, ces Lieux de Mémoire comme le désignait Pierre Nora, universitaire français. Cela va au-delà des dates et des lieux, ce sont des témoignages, des œuvres littéraires et cinématographiques, ce sont également des travaux de recherche universitaires qui aident à voir d’un œil actuel le prisme du passé. Par le travail de recherche réalisé par Madame Carole Lémée, enseignante chercheure au sein de l’Université Bordeaux Montaigne, nous redécouvrons que l’horreur a touché le quotidien de toutes les villes de France, y compris la nôtre. Je remercie Marie Hattrait, Adjointe au Maire qui a travaillé avec Madame Lemée pour préparer cet hommage. Des Cenonnais ont été raflés, puis déportés. Plusieurs n’en sont pas revenus et ont péri dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Aujourd’hui, nous honorons la mémoire de certains d’entre –eux en apposant leur nom sur cette stèle. Nous sommes honorés par la présence de leurs proches qui acceptent ce chemin collectif qu’est celui du travail de Mémoire. Ils se nommaient : Hannah BIAL DE BELLERADE, Eugène BIAL DE BELLERADE, Charles BIAL DE BELLERADE, Maklouf MAMAR, Esther MARTY Si nous commémorons la tragédie, nous commémorons aussi l’espoir, le courage, les forces de la vie qui ont fini par triompher du totalitarisme hitlérien. La dignité dont certains ont fait preuve mérite notre reconnaissance éternelle. La déportation et la Shoah nous interpelle tous. Elle nous rappelle que sans les valeurs humanistes de la République et de la démocratie, comme l’a pu être l’appareil de l’Etat français de Vichy, les portes du racisme, de l’intolérance, de la xénophobie, de l’antisémitisme et du négationnisme sont ouvertes. Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, instruits par l’Histoire, la Mémoire nous rassemble pour renouveler solennellement nos engagements à défendre toutes ces valeurs qui constituent notre bien commun, notre héritage. Que ce chemin de justice éclaire les recoins sombres de notre avenir afin que nous ne nous condamnions pas à revivre ces épisodes. Soyons conscients que lorsque la République est à terre, la laïcité est bafouée ! « Plus jamais ça » ! Plus jamais un triangle de couleur, une étoile jaune pour stigmatiser, rejeter, déporter et éliminer. Pour que vive la Paix ! Vive la République et vive la France ! [gallery order="DESC" link="file" columns="2" size="full" ids="https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-8.jpg|,https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-25.jpg|"]
Extraits de l’intervention de Madame Carole Lemée,
Anthropologue, chargée d’enseignement à l’Université de Bordeaux.« Il y a plus de 20 ans, alors qu’à Bordeaux se déroulait le procès de Maurice Papon, Claude Lederer, Président de l’Amitié judo-chrétienne, disparu il y a quelques mois, organisait ici une exposition intitulée « Le Temps des rafles », en présence de Juliette Benzazon et de Michel Slitinsky, tous deux parties civiles au procès de Maurice Papon. « Plus récemment, je me souviens que le Maire d’alors, M. Alain David, a accueilli une exposition sur la mémoire de la déportation. En ce début d’année, les services de M Egron, par la voix de Mme Hattrait, m’ont contactée pour que je leur transmette mes informations sur les déporté.e.s juifs de la ville de Cenon. J’ai transmis des informations sur quatre déporté.e.s juifs et juive. Tous les quatre étaient des citoyen.ne.s français.es et tous les quatre furent arrêté.e.s dans le processus des arrestations effectuées les 10 et 11 janvier 1944 en vue de la constitution du convoi de déportation Bordeaux-Drancy du 12 janvier 1944. [gallery link="file" columns="2" size="full" ids="https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-37.jpg|Carole Lemée,,https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-31.jpg|Anthropologue"] Ce convoi allait emporter 365 personnes dont 60 enfants. Un peu plus de 500 personnes avaient été arrêtées. La majorité d’entre-elles avait été internée dans la synagogue de Bordeaux, seule synagogue en France ayant servi à l’occasion de ces arrestations, puis plus tard aussi pour les déportés du « train fantôme* », seul lieu d’internement sur l’ensemble de la façade occidentale de l’Europe. Parmi ces 365 personnes, quatre personnes vivaient à Cenon. Ces déportés sont : Paul BIAL DE BELLERADE et son épouse Hannah, connue et inscrite sur le registre de la Préfecture sous le prénom de Rachel, née Da Costa. Charles BIAL DE BELLERADE, marié avec Lucie Da Costa, sœur d’Hannah / Rachel , donc deux sœurs étaient mariées avec deux frères. Et Eugène BIAL DE BELLERADE, leur fils. Ils furent tous les 4 déportés du convoi Bordeaux-Drancy. Puis ensuite de Drancy à Auschwitz où ils furent assassinés. Ce convoi comptait aussi un déporté supplémentaire qui n’a pas été convoyé ensuite sur Auschwitz. C’était le père de Claudine, aujourd’hui présente avec nous, Benjamin BIAL DE BELLERADE qui était marié avec une catholique et fut interné à Drancy puis au camp d’Austerlitz, camp satellite de celui de Drancy qui fut ensuite versé à l’organisation Todt. Benjamin BIAL DE BELLERADE fut ensuite élu à Cenon. Il était le père de Claudine, ici présente. Il eut trois autres enfants. Grâce à Claudine, j’ai pu évoquer la mémoire de son père dans l’exposition que j’ai consacrée aux arrestations, internements et déportations des déporté.e.s Bordelais.e.s. Si Benjamin BIAL DE BELLERADE a eu la vie sauve et si donc seuls les noms de celles et ceux qui ont péri sont gravés sur la stèle, je tiens particulièrement à lui rendre hommage. Car les déporté.e.s qui ne furent pas convoyés à Auschwitz et qui demeurèrent internés en France sont bien souvent et trop souvent les grands oubliés de l’histoire. Ils avaient donc été trois frères , Paul, Charles et Benjamin à avoir été pris dans la même nasse. Ainsi que Rachel, l’épouse de l’un d’eux et un enfant. Claudine m’a relaté que Lucie, la femme de Charles avait eu la vie sauve parce que sa propre Maire l’avait prévenue et lui avait permis de se cacher. Myriam, la fille de Charles et de Lucie, n’avait pas été arrêtée car elle était mariée à un catholique. On ne peut qu’observer au travers de l’histoire de la famille BIAL DE BELLERADE combien le devenir des uns et des autres fut arbitrairement distribué par les lois antijuifs de Vichy et combien cela ne peut être que marquant au sein d’une famille. [caption id="attachment_9298" align="aligncenter" width="620"] Mmes Claudine PUYBARAUD née BIAL DE BELLERADE et Reine BIAL DE BELLERADE, filles de Benjamin Bial de Bellerade avec Carole Lemée
Concernant Maklouf MAMAR, je ne dispose d’aucune information autre que celles figurant sur la fiche qu’il avait remplie lors du recensement à la Préfecture. Il n’était pas marié, il n’avait pas d’enfant. Il était né en Algérie. Et aucune autre personne dans le fichier juif de la Gironde ne semble lui avoir été apparentée… Il était manœuvre et il est probable qu’il est arrivé à Bordeaux dans les mêmes conditions que les autres déportés originaires d’Algérie. Il était né en 1893 et habitait cité Grédy. » Nous n’avons pas trouvé d’information précise sur Esther Amélia BOES, épouse MARTY, née le 11 août 1872 à Bordeaux. Assassinée le 25 mai 1944 à Auschwitz. Le cinquième nom gravé cette année sur la stèle de la déportation de Cenon. [gallery link="file" columns="2" size="full" ids="https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-42.jpg|Le Choeur des hommes chante,https://www.cenon.fr/sites/default/files/old-images-blog/2018/05/blogCommemoration-deportation-2018-04-29-CENON-com-40.jpg|"Le chant des marais""] Après la montée des couleurs, l’offrande des fleurs, les discours, le recueillement, un chœur d’homme entonna le chant funèbre et poignant « Le Chant des Marais » ou "chant des déportés", composé en 1933 par des prisonniers du camp de concentration allemand de Börgermoor.
La cérémonie se poursuivit ensuite au Monument aux Morts
sous la houlette de Daniel Gracia, Président du Comité d’entente des anciens combattants de Cenon et Président du Comité Cenon-Artigues de la FNACA. [caption id="attachment_9300" align="alignleft" width="200"] Minute de silence au Monument aux mortsMarine Audinette, jeune étudiante Cenonnaise, passionnée d’histoire, participant aux cérémonies commémoratives de la ville depuis l’âge de 12 ans, y lut le message des associations de Déportés.